Annoncé par le président de la République en juillet dernier, le projet de création d’une Agence nationale de la cohésion des territoires a patiné pendant de longs mois. Mais le gouvernement semble aujourd’hui vouloir accélérer le mouvement et a chargé le nouveau commissaire général à l’égalité des territoires, Serge Morvan, de mener une mission de préfiguration.
La tâche va ĂŞtre rude : l’ancien DGCL prend son poste ce 23 avril et doit rendre son rapport au Premier ministre « d’ici au 15 mai » afin que l’ANCT soit en mesure d’être opĂ©rationnelle, au moins dans une première phase, Ă l’étĂ© 2018 », indique sa lettre de mission.
« RemĂ©dier aux inĂ©galitĂ©s »
Celui qui est aussi ancien prĂ©fet des Yvelines a donc trois semaines pour dĂ©finir les contours de ce nouvel opĂ©rateur qui « mobilisera et coordonnera les moyens en ingĂ©nierie et en financement au profit des collectivitĂ©s bĂ©nĂ©ficiaires ».
La vocation de l’ANCT est de « donner davantage de lisibilitĂ© et d’efficacitĂ© Ă l’intervention de l’État sur les territoires » par la voix des prĂ©fets qui en seront les « dĂ©lĂ©guĂ©s territoriaux ».
L’Agence doit, « dans le respect du principe de dĂ©concentration, contribuer Ă simplifier les relations entre les porteurs de projets locaux et l’État ».
Elle doit Ă©galement permettre « d’accompagner en prioritĂ© dans les dĂ©marches de rĂ©flexion stratĂ©gique et de montage de projets les territoires les plus en difficultĂ©, tant urbains que ruraux, afin de remĂ©dier aux inĂ©galitĂ©s qui nuisent Ă la cohĂ©sion et au dĂ©veloppement Ă©quilibrĂ© du territoire national », prĂ©cise le Premier ministre dans la lettre de mission. Il Ă©carte ainsi l’hypothèse d’une « ANRU rurale » prĂ´nĂ©e par certains Ă©lus.
En clair, elle doit avant tout fluidifier les relations entre les élus locaux et l’exécutif et apaiser le dialogue au sein de la Conférence nationale des territoires, où le torchon brûle.
« Établir une première liste de territoires »
Serge Morvan doit ainsi dĂ©finir l’architecture de l’ANCT, en prĂ©cisant notamment « les consĂ©quences de sa crĂ©ation sur le rĂ´le et l’organisation actuels du CGET », ainsi que son articulation avec la Caisse des dĂ©pĂ´ts et consignations dans les territoires. Des liens qui semblent aujourd’hui flous et inquiètent certains personnels du CGET notamment.
La gouvernance de l’agence et les modalitĂ©s de sa tutelle devront donc ĂŞtre au cĹ“ur des rĂ©flexions du nouveau commissaire gĂ©nĂ©ral. Il devra notamment veiller « Ă constituer une instance consultative, de type comitĂ© d’orientation, permettant d’associer des reprĂ©sentants Ă©lus et les ministères concernĂ©s, en particulier le ministère de l’IntĂ©rieur ».
L’ancien directeur gĂ©nĂ©ral des services au conseil gĂ©nĂ©ral de SaĂ´ne-et-Loire, puis de Seine-Maritime est en outre chargĂ© de dĂ©tailler « les attentes des collectivitĂ©s territoriales » et de prĂ©ciser celles qui lui « paraissent accessibles, notamment au vu du cadre juridique et budgĂ©taire ». Une première « liste de territoires nĂ©cessitant un accompagnement prioritaire et les modalitĂ©s d’interventions envisageables » devra ĂŞtre Ă©tablie.
Sa mission consiste Ă©galement Ă cerner « le champ d’intervention de l’agence, Ă la fois territorial et thĂ©matique » en privilĂ©giant « une intervention de l’agence au profit de territoires engagĂ©s dans une dĂ©marche de projet soutenue par l’État ».
Dans ce cadre, il doit ainsi proposer « une simplification du paysage contractuel », tout en veillant « Ă l’articulation avec les autres outils publics existants (agences d’urbanisme, agences techniques dĂ©partementales ou rĂ©gionales, etc.) ».
Autre point Ă dĂ©finir pour Serge Morvan : « l’offre de service et les modalitĂ©s d’intervention de l’agence Ă l’égard des territoires bĂ©nĂ©ficiaires « . Quels seront les principes de saisines de l’ANCT ? Quelles seront ses prioritĂ©s d’intervention ? Comment distinguera-t-elle « ce qui doit relever d’une intervention de proximitĂ© et ce que le niveau national devra apporter par subsidiaritĂ© » ? Autant de questions auxquelles l’administrateur civil hors-classe devra rĂ©pondre avant mi-mai.
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