“Une démarche novatrice par des experts indépendants”. C’est ainsi que Valérie Pécresse (LR), Présidente de la région Ile-de-France et d’Ile-de-France Mobilité, a qualifié le le rapport du comité d’évaluation de l’amélioration de l’offre de transport francilienne.
Ce comité est présidé par Jean-Paul Bailly, ancien président de la RATP, et rassemble Yves Ramette, ancien directeur général de SNCF Réseau Ile-de-France, Yves Crozet, professeur à l’Université de Lyon spécialiste de l’économie des transports, et Marc Pélissier, président de l’Association des usagers des transports franciliens. Tous quatre ont été chargés d’évaluer les changements survenus dans l’offre en Ile-de-France. Comprendre : le reste du réseau est donc laissé de côté dans ce rapport. L’évaluation globale des transports franciliens, réalisée chaque année avec les opérateurs, est en général beaucoup moins flatteuse.
Une évaluation très flatteuse
L’étude commandée par Valérie Pécresse se justifie par les nombreux changements sur le réseau. Citons pêle-mêle la mise en service du tramway 6, l’ouverture de la nouvelle gare du RER E Rosa Parks, la refonte des horaires de la ligne U, l’arrivée du nouveau matériel roulant sur la ligne 9 ou encore l’instauration du passe navigo dézonné.
La grille d’appréciation inclut entre autres le paramètre du coût, du gain de temps observé, de l’amélioration de la qualité de services… Et globalement, les actions évaluées obtiennent une appréciation positive. L’inverse aurait été très problématique puisqu’il s’agissait de se concentrer sur les mesures justement destinées à améliorer l’offre. L’évaluation globale des transports franciliens, réalisée chaque année avec les opérateurs, est en général beaucoup moins flatteuse.
Moins de voyageurs que prévu pour la nouvelle ligne de tram
Et pourtant, même de nouveaux services peuvent obtenir des cartons rouges. C’est le cas du tramway 6 (entre Châtillon-Montrouge et Viroflay), critiqué pour ses retards qui se sont accumulés durant le chantier et ont alourdi la facture. Le bilan en matière de fréquentation est aussi mitigé puisque le nombre de voyageurs est inférieur à celui attendu. Mais la ligne affiche des bons niveaux de report modal. 20 % de ceux qui empruntent le dernier tronçon de la ligne inauguré en mai 2016 se déplaçaient auparavant en voiture.
La qualité de service est en outre élevée et la ligne assure une desserte qui conforte un bassin d’emploi, ce qui lui permet de basculer dans le vert de la grille globale de l’évaluation. La refonte des horaires des lignes L et U est plus clairement source de satisfaction, avec des gains de régularité importants, alors même que “ça ne coûte pas très cher” pointe Valérie Pécresse.
Sans surprise, les nouveaux bus ou trains améliorent la situation
Mais c’est surtout les mesures de rénovation des matériels qui provoquent les effets les plus positifs. Sur la ligne K, la ligne 9 ou sur le réseau de bus, les performances ont été nettement améliorées, les incidents liés à la vétusté du matériel étant, par définition, réduits drastiquement. Le confort des voyageurs s’en trouve aussi amélioré avec des rames moins bruyantes et disposant de l’air conditionné sur la 9, des bus affichant une meilleure information à bord et accessibles aux personnes à mobilité réduite…
“Le renouvellement du matériel roulant est structurant pour l’amélioration de la qualité de service” conclut Valérie Pécresse. Le rapport vient ainsi servir d’argument supplémentaire pour défendre son grand plan de modernisation des rames en Ile-de-France. La présidente de région a promis qu’environ 700 rames seront neuves ou rénovées d’ici la fin de son mandat, en 2021 pour un montant d’environ 10 milliards d’euros.
L’augmentation du prix du Navigo, une réussite mais…
Le comité d’évaluation s’est aussi intéressé à une mesure qui a fait couler beaucoup d’encre et divisé la droite et la gauche francilienne à son annonce : le dézonnage du forfait navigo. L’instauration d’un tarif unique coûte cher à la Région confirme le rapport : 487 millions d’euros en 2016.
En revanche, il souligne l’aspect positif pour le pouvoir d’achat des Franciliens, particulièrement ceux de grande couronne, et a permis une hausse de la fréquentation du réseau avec une hausse de 4% des ventes du Navigo annuel, et de 14% des Navigo mensuel et hebdomadaire.
Et encore, la hausse a été limitée par les attentats de novembre 2015 qui ont provoqué un détournement des transports en commun de la part des Franciliens pendant de longs mois. Finalement sur ce sujet, Jean-Paul Bailly s’est bien gardé d’émettre un avis global. Il a en effet botté en touche, estimant qu’il ne lui revenait pas de juger si une mesure de pouvoir d’achat qui favorise le recours aux transports en commun tout en grèvant les finances publiques devait être considéré comme positive.
Valérie Pécresse prendra en compte d’éventuelles critiques
Cette démarche d’évaluation sera réalisée chaque année par le comité. Celui-ci a déjà commencé à lister les mesures de 2017 à étudier. Si Valérie Pécresse vante une “évaluation en temps réel d’une politique publique”, l’immédiateté peut être temporisée puisqu’il a fallu attendre mars 2018 pour connaître l’évaluation de 2016. Les membres du comité estiment qu’il fallait du temps pour mettre en place la méthode. La prochaine édition pourrait donc être un peu moins longue.
Ce premier exercice a surtout été l’occasion pour Valérie Pécresse de mettre en avant un certain nombre de succès. Mais Jean-Paul Bailly l’assure, le rapport est fait en complète indépendance, et la présence des représentants des usagers de transports sert notamment de gage. Qu’adviendrait-il si le rapport taillait en pièce une mesure décidée par Ile-de-France Mobilité ? Valérie Pécresse assure que l’autorité organisatrice reconnaîtra alors ses torts et réadaptera l’offre. Affaire à suivre donc…
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