Pourquoi cet ouvrage ?
Notre association « Comédie » s’intéresse aux questions de la concertation dans le domaine de l’environnement depuis de nombreuses années. Suite aux rencontres sur la concertation dans les territoires au service de l’environnement en mars 2016 à Lyon, la Fondation de France, parce qu’elle finance, notamment via son programme « Environnement » des procédures de dialogue environnemental, a soulevé la question de l’efficacité de la concertation sur les questions environnementales.
Nous nous sommes donc engagés dans une réflexion sur ce thème afin de mobiliser les acteurs, surtout les collectivités mais aussi les associations de défense de l’environnement. Ce livre retrace des démarches volontaires, très diverses – car non obligatoirement soumises à un encadrement réglementaire –, de pratiques locales de concertation. Mais cette concertation dite « locale » est loin d’être anecdotique ou sans effet. Elle couvre parfois de vastes périmètres et portent alors sur des enjeux significatifs qui transforment sensiblement les paysages de nos territoires.
Dans votre ouvrage, quel lien faites-vous entre concertation et environnement ?
La concertation a majoritairement une influence positive sur l’environnement. Car si le dialogue environnemental a parfois comme conséquence la victoire des plus forts (les aménageurs) sur les plus faibles (les citoyens), l’environnement, lui, en sortira toujours vainqueur.
Le dialogue permet en effet une évolution positive de l’appréhension de la cause environnementale qu’ont les citoyens. Sans dialogue, les citoyens vont voir dans la défense de l’environnement une contrainte puisqu’au nom de celle-ci, certaines interdictions leur sont opposées. Mais grâce au dialogue, les citoyens vont être sensibilisés aux enjeux environnementaux, ils vont en comprendre les impératifs et parfois même y adhérer.
Votre association est également un observatoire. Quelles évolutions connaît le dialogue environnemental ?
En accompagnant les porteurs de projets, on se rend compte que de plus en plus de concertations sont portées par les élus locaux qui ont modifié leur vision de la concertation. Ils ont désormais, dans leur majorité, une attitude constructive et organisent des démarches participatives avec conviction. Il s’agit ici d’une grande évolution. Tout d’abord, les édiles ne voient plus le dialogue citoyen uniquement comme une démarche de communication. Ensuite, ils n’ont plus peur de la concertation car ils ne la voient plus comme quelque chose qui les dépossède de leur pouvoir mais au contraire, comme un processus qui fait avancer leurs projets et qui a l’avantage également de montrer aux citoyens la difficulté de la décision publique. Enfin, les élus locaux ne voient plus non plus le dialogue comme une perte de temps car ils ont compris que le dialogue n’est pas autant chronophage qu’un futur conflit !
Mais beaucoup de progrès restent à faire. La question cruciale doit être : comment dialoguer ? Par exemple, la réforme du dialogue environnemental a établi le moment où cela doit être fait sans donner de mode d’emploi. Or, commencer une concertation par une première réunion qui a pour objet de savoir comment organiser cette future concertation, lors de laquelle les questions « comment », « quand », « avec qui », « pendant combien de temps »… seront évoquées n’est pas inutile. Bien au contraire. Il est très important de savoir comment bien dialoguer.