Surgis des entrailles du « vieux monde », les grands électeurs de la Chambre haute ont infligé sa première claque au nouveau pouvoir. Sans coup férir, ils ont rabaissé le (petit) nombre de sénateurs marcheurs de 29 à 24, sur les 348 élus du Palais du Luxembourg. Les conseillers municipaux issus de la vague bleue de 2014 ont, ainsi, cherché à mettre un coup d’arrêt à la quasi-suppression de leur taxe d’habitation et au contrôle de leurs dépenses. L’Etat, ont-ils aussi dit en substance, n’a pas à faire les poches des collectivités.
Fracture territoriale
A la Macronie, qui ne voue pas toujours un amour immodéré à l’action publique de proximité, les grands électeurs ont adressé un carton jaune. Dans une France en proie à une grave fracture territoriale, ce premier avertissement mérite d’être entendu. Il ne saurait cependant complètement masquer les postures de certains membres éminents de la majorité sénatoriale, un jour acquis à la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires, le lendemain prenant la défense des emplois aidés dans leurs collectivités.
Suicide politique
Plutôt que de porter le fer de ce côté-là, l’exécutif a multiplié les annonces incontrôlées, agitant même le chiffon rouge de la réduction du nombre d’élus. Il aurait voulu subir une sévère défaite qu’il ne s’y serait sans doute pas pris autrement. Présenté moins de 48 heures avant le scrutin, son pacte financier a naturellement éveillé les soupçons des grands électeurs…
Un sort quelque peu injuste. Car, si les grandes collectivités apposent leur signature à ce document, leurs dépenses de fonctionnement pourront augmenter dans la limite de 1,2 % par an, hors inflation. Les villes de moins de 50 000 habitants et les intercommunalités de moins de 150 000 habitants échapperont, elles, au couperet. Et, surtout, pour la première fois depuis des lustres, les dotations de l’Etat à l’ensemble des collectivités ne baisseront pas.
Loin de la purge redoutée, ce pacte se révèle plutôt équilibré. Les associations d’élus auraient donc intérêt à saisir cette main tendue. C’est ainsi que se nouera une relation apaisée entre le pouvoir central et les pôles de proximité. Et si c’était ça, le nouveau monde ?
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