Fort des résultats impressionnants du scrutin présidentiel et des élections législatives, le gouvernement d’Emmanuel Macron va pouvoir mettre en œuvre le projet d’« En marche ! » Un mouvement dont la philosophie et le fonctionnement s’inspirent ostensiblement de « l’esprit start-up ». Une innovation ? Pas vraiment. Sous le précédent quinquennat, le secrétaire d’Etat à la Réforme de l’Etat Thierry Mandon avait déjà fixé le cap : « L’administration fonctionnait en mode grosse industrie ; elle va passer en mode start-up. » Mais attention, comparons ce qui est comparable !
En mode projet et collaboratif
Passer en mode start-up, c’est travailler en mode projet et collaboratif, innover, se fixer des objectifs sans s’arrêter aux moyens et surtout… aller vite, quitte à bousculer les codes établis. Notre dossier « Start-up et territoires, un pari pour l’emploi » montre que certaines collectivités ont perçu l’intérêt, en termes d’emplois et d’attractivité territoriale, d’aider les start-up à s’implanter et à prospérer sur leur territoire. Mais à l’évidence, les deux univers doivent encore apprendre à se connaître !
Une nouvelle génération d’acteurs publics
Quitte à s’approprier les vertus de ces entreprises « à fort potentiel et en devenir », le nouvel exécutif et l’Assemblée nationale devront, quant à eux, faire la part des choses. D’abord, s’agissant du « collaboratif », essentiel dans le mode de fonctionnement des start-up : avec une abstention record de près de 57 % lors du second tour des élections législatives, le nouveau pouvoir macronien devra relativiser son succès et prendre en compte cette part importante des Français qui ont ostensiblement tourné le dos à son projet. Ensuite, pour porter cet Etat en mode « start-up », il faudra s’appuyer sur cette nouvelle génération d’acteurs publics, les « millennials », ces jeunes cadres qui bousculent le management, avec des équipes resserrées, autonomes et s’inscrivant dans un temps court. Sauront-ils respecter les règles d’or du service public, à savoir la continuité et l’égalité ?
Le quinquennat s’ouvre donc sur un défi : permettre à l’agilité et à la réactivité de s’enraciner, sans dommages, en tant que nouvelles règles d’or du service public… ou bien les laisser à l’état de slogans vendeurs.