Une si longue attente. François Baroin (LR) devait initialement annoncer son ralliement Ă Nicolas Sarkozy (LR) plus tĂ´t. Mais Ă cause du report du congrès des maires au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, le prĂ©sident de l’AMF a mis plus longtemps que prĂ©vu son drapeau dans la poche.
C’est seulement ce 5 juin 2016, dans l’émission sur Europe 1 de son premier mentor, Jean-Pierre Elkabach, que l’ancien journaliste a fait savoir son soutien au chef de l’ex-UMP. Un appui de poids dans le cadre de la primaire des Républicains. « Je m’engagerai pour Nicolas Sarkozy, a indiqué François Baroin, trois jours après la clôture du congrès des maires 2016. Mon choix est fait depuis longtemps. »
C’est précisément là que le bât blesse, selon le lieutenant de Manuel Valls, Luc Carvounas : « Tout cela confirme ce que j’avais dit en 2014. François Baroin, depuis son arrivée à la tête de l’Association des maires de France, est un cheval de Troie de Nicolas Sarkozy. Il va, maintenant, utiliser les réseaux de l’AMF dans le cadre de la primaire. »
Un avocat nommé André Laignel
Des accusations que repousse d’un revers de main, le vice-prĂ©sident dĂ©lĂ©guĂ© (PS) de l’association AndrĂ© Laignel. « L’engagement de François Baroin, prĂ©sident de l’AMF, auprès d’un candidat Ă la primaire de la droite ne saurait, ainsi que nous en sommes convenus, engager l’institution, juge-t-il dans un communiquĂ© publiĂ© le 6 juin 2016. Il en sera bien Ă©videmment de mĂŞme quand je serai amenĂ© Ă faire campagne pour le candidat des socialistes. »
Si le parallélisme des formes apparaît incontestable, le rôle joué par les deux leaders de l’AMF ne sera, à l’évidence, pas le même. En cas de victoire finale de Nicolas Sarkozy, l’ancien ministre de l’Economie François Baroin pourrait bien entrer à Matignon.
Cette alliance est, pour Luc Carvounas, l’occasion de régler des comptes. Dans une tribune publiée sur notre site le 6 septembre 2014, il s’élevait, en compagnie d’autres maires proches de Manuel Valls, contre le ticket UMP-PS à la tête de l’AMF. Un tandem François-Baroin André Laignel « faisant fi, selon lui, d’une crise politique majeure où le Front national a remporté plusieurs collectivités locales en mettant dos à dos les partis de gouvernement ».
Une campagne musclée
Et le sénateur-maire (PS) d’Alfortville de pointer, aujourd’hui, « un grand écart entre, d’un côté, la campagne très virulente de l’Association des maires de France contre la diminution des dotations aux collectivités et, de l’autre, le soutien de François Baroin à Nicolas Sarkozy qui prône 100 milliards de dépenses publiques et 300 000 fonctionnaires territoriaux en moins ».
Dans ces conditions, l’AMF pourra-t-elle dĂ©gager un consensus en son sein ? Sera-t-elle Ă mĂŞme de porter, comme elle l’a annoncĂ© lors de son congrès, une « charte pour l’’avenir des communes de France » auprès des postulants Ă la magistrature suprĂŞme ?
Pour le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’association des maires de France, Philippe Laurent (UDI), l’enjeu premier se situe lĂ . S’il Ă©carte tout risque de conflit d’intĂ©rĂŞts dans les mois Ă venir – « François Baroin sera prudent » – le numĂ©ro trois de l’AMF se montre un peu moins optimiste sur le pouvoir d’influence de l’association. Faire admettre au candidat LR Ă la prĂ©sidentielle de maintenir le niveau actuel des dotations durant la prochaine mandature pourrait en effet relever de la gageure.
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