Pour les pôles de compétitivité, l’heure de l’évaluation et de la mutation a sonné. A l’occasion de leur journée nationale, organisée le 4 mars 2016, à Bercy, le ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron, a dévoilé les grandes lignes de ses intentions.
Selon le ministre, le concept, lancé en 2005, a fait ses preuves : ces groupements, constitués autour d’une thématique, sur un territoire donné (entreprises de toutes tailles, laboratoires de recherche, centres de formation, universités…) soutiennent « la création d’emplois et d’activités dans les territoires ». Ils ont aussi permis d’ouvrir aux PME les démarches de recherche et développement, autrefois l’apanage des grands groupes.
Discours de la méthode
Le ministre a expliqué sa méthode, déclinée en trois points :
- l’implication de toutes les parties prenantes (Etat, entreprises, universités, et collectivités, notamment les régions et les métropoles) ;
- l’affirmation «claire», par l’Etat, de ses priorités stratégiques nationales ;
- la promotion de l’ « intérêt général économique » : «il faut, en la matière, tout faire pour ne pas céder aux espèces de lutte de territoires et de frontières qui sont ridicules. »
Pas de perte de label
Deux évaluations quasi-concomitantes vont être menées. La première, amorcée en février, va concerner les « performances individuelles » de chacun des 71 pôles, ces derniers étant à mi-parcours de la « phase 3 » (phase couvrant la période 2013-2019 et orientée vers la création et la diffusion de produits et des services innovants). Elle se terminera fin mai. Elle sera conduite par un consortium de sociétés de conseils. Emmanuel Macron a précisé que cette phase ne serait pas suivie d’une vague de labellisation ou de « délabellisation » : « On va réorganiser, c’est différent. »
La seconde évaluation, d’ordre économique, sera conduite par France Stratégie (1) et portera sur la politique des pôles. France Stratégie a d’ores et déjà analysé l’impact de la politique des pôles sur les activités de recherche et de développement (R & D), et conclu à un « effet levier des aides publiques » (lire encadré). D’ici à la fin du mois de juin, le ministre veut pouvoir « tirer toutes les conséquences de ces analyses, des retours d’expérience et de ce que nous en auront conclu ».
Regroupements
Les trois principes de la réforme sont d’ores et déjà fixés. Le premier, la « consolidation », vise à affirmer la démarche des pôles de compétitivité comme une « politique stratégique nationale ». Le Fonds unique interministériel (2) restera l’outil d’investissement de l’Etat dans les pôles, mais il devra fonctionner avec des procédures « plus proches du terrain » et « davantage déconcentrées ».
Autre principe fixé par le gouvernement, la « lisibilité », qui, selon Emmanuel Macron, fait défaut, « quand on a 71 pôles ». Il préconise un « rapprochement », à partir des thématiques principales de chaque pôle, autour des 9 « solutions industrielles françaises, définies par le Conseil national de l’industrie en mai 2015, dans le cadre de la stratégie pour « l’industrie du futur » (3). Cette réforme vise « une meilleure articulation des pôles de compétitivité entre les niveaux local, national, mais aussi européen ».
Les 71 pôles de compétitivité au 1er janvier 2016 (Source : Ministère de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique)
Proximité et réactivité
Enfin, le troisième principe, la « proximité », vise à mieux articuler développement régional et priorités nationales, en prenant en compte les nouvelles compétences des régions. « II ne s’agit pas de garder les choses comme elles sont », a prévenu le ministre, tout en précisant qu’il n’était pas non plus question de « tout transférer aux régions. » Par ailleurs, le gouvernement compte faire évoluer le processus de sélection du FUI, pour le faire «gagner en réactivité », et pour associer davantage les acteurs de l’Etat dans les territoires. L’idée est aussi de favoriser un échange «constant» entre l’Etat et les régions.
Effet levier sur les activités R & D
Chargée par Bercy de procéder à l’évaluation économique de la politique des pôles de compétitivité, France Stratégie a d’ores et déjà rendu des conclusions sur les activités de recherche et développement (R & D) en France.
« L’effet levier des aides publiques » mis au jour par les experts de France Stratégie se traduit par un accroissement de l’autofinancement en matière de R & D : « Lorsqu’une entreprise reçoit en moyenne 103 000 euros d’aides publiques en 2012, elle accroît ses propres dépenses de recherche de 474 000 euros la même année. » Au total, notent les experts de France Stratégie, les entreprises appartement à un pôle ont consacré en moyenne 691 000 euros de plus à leurs activités de R & D en 2012 que leurs homologues restées en dehors des pôles.
Cet effet levier se traduit aussi par une hausse des embauches dans les services R & D, avec, en moyenne, pour l’année 2012, 6,5 personnes recrutées.
Thèmes abordés
Notes
Note 01 Instance d’expertise économique placée auprès du Premier ministre Retour au texte
Note 02 Fonds servant au financement des projets de R & D dans les pôles de compétitivité Retour au texte
Note 03 Nouvelles ressources, villes durables, mobilité écologique, transports de demain, alimentation intelligente, économie des données, objets intelligents, confiance numérique, médecine du futur Retour au texte