L’annĂ©e 2015 a commencĂ© avec des signes de reprise pour les professionnels de l’immobilier : les ventes de logements neufs par les promoteurs ont augmentĂ© de 14,4% par rapport Ă la mĂŞme pĂ©riode en 201, la construction de maisons individuelles a augmentĂ© de 13,6%, et les prĂŞts immobiliers accordĂ©s aux mĂ©nages sont en hausse de 15,1%. Il est certain que les mesures annoncĂ©es l’automne dernier, notamment sur le prĂŞt Ă taux zĂ©ro pour les primo-accĂ©dants, ou le dispositif de dĂ©fiscalisation Pinel, ont contribuĂ© Ă ramener une certaine confiance chez les acheteurs potentiels. Mais la partie est loin d’ĂŞtre gagnĂ©e. Pour le dĂ©putĂ© du Doubs Eric Alauzet, le logement ancien n’est pas assez pris en compte : « Au plan quantitatif, le logement ancien reprĂ©sentera 90% du parc dans dix ans. La rĂ©novation est un levier crucial, or la plupart des mesures d’accession Ă la propriĂ©tĂ©, d’investissement locatif, ne portent que sur le logement neuf. Le plan de mobilisation du foncier public ne vise que la construction de logements, et la rĂ©habilitation de logements ne permet pas d’accĂ©der Ă une dĂ©cĂ´te ».
Autre souci d’inquiĂ©tude, les rĂ©guliers assauts de Bercy contre les aides personnelles au logement, notamment celles visant les accĂ©dants Ă la propriĂ©tĂ©. De nombreux acteurs ont mis en garde contre les consĂ©quences d’une modification de leur rĂ©gime. A ce sujet, les professionnels le martèlent rĂ©gulièrement, les mesures doivent s’inscrire dans la durĂ©e. « Il faut stabiliser les dispositifs, après avoir allĂ©gĂ© les normes, et Ă©viter de tout remettre en cause Ă chaque loi de finances », met en garde Michel Mouillart, professeur d’Ă©conomie Ă l’universitĂ© Paris X Nanterre.
Les collectivités locales en ligne de mire
Pour François Payelle, le prĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration des promoteurs immobiliers, si les mesures de l’Etat vont dans le bon sens, les collectivitĂ©s locales mettent plutĂ´t des bâtons dans les roues : « En treize ans, le temps de construction d’un projet est passĂ© de 4 ans et demi Ă 6 ans et demi, il faut se demander comment gagner du temps. Or certaines collectivitĂ©s ont mis en place des sortes de commissions de prĂ©-instruction des permis de construire, sans qu’ensuite le temps d’instruction soit rĂ©duit. Le temps moyen d’instruction d’un permis est de 9 mois, alors que rĂ©glementairement on est en principe Ă 5 mois ! Produire plus, ça veut dire du foncier constructible rapidement, et des permis dĂ©livrĂ©s, deux Ă©lĂ©ments qui dĂ©pendent des collectivitĂ©s. » D’autres au contraire ont insistĂ© sur la nĂ©cessitĂ© d’aller plus loin dans la dĂ©centralisation des politiques du logement. Christophe Caresche, dĂ©putĂ© de Paris et rapporteur spĂ©cial sur le logement, insiste sur le besoin de » politiques qui soient plus proches de la rĂ©alitĂ© du terrain : aujourd’hui on est loin du compte, il faut aller plus loin dans la dĂ©centralisation, au delĂ des aides à la pierre, notamment sur les dispositifs fiscaux. Il faut ĂŞtre plus prĂ©cis : la crise du logement n’est pas la mĂŞme selon les territoires. »
Un plan de mobilisation du foncier public qui peine à décoller
« Après le vote de la loi de mobilisation du foncier public du 18 janvier 2013, on s’attendait Ă un vĂ©ritable appel d’air, on pensait que promoteurs, bailleurs sociaux et amĂ©nageurs allaient se jeter sur les terrains listĂ©s, ça n’a pas Ă©tĂ© le cas », reconnaĂ®t Philipppe Bauchot, dĂ©lĂ©guĂ© Ă l’Action foncière et immobilière au ministère du Logement. Le temps des projets immobiliers est long, et il est un peu tĂ´t pour faire un bilan. Sur les opĂ©rations rĂ©alisĂ©es, le mĂ©canisme de dĂ©cote des prix a cependant bien fonctionnĂ©, et permis de dĂ©bloquer certaines opĂ©rations. Philippe Bauchot relève plusieurs difficultĂ©s : « La loi prĂ©voyait un dĂ©lai de cinq ans pour rĂ©aliser les opĂ©rations, un temps trop court pour des projets d’importance. De plus, il est difficile de figer dans les actes de cession notariĂ©s ce qui sera finalement construit sur les terrains cĂ©dĂ©s ». Les petites opĂ©rations de 20 Ă 30 logements sont donc plus faciles Ă rĂ©aliser, que des chantiers portant sur l’intĂ©gralitĂ© d’une caserne ou d’un hĂ´pital. Enfin, « l’État ne doit plus ĂŞtre dans une logique de guichet, il doit aller au devant des acteurs Ă©conomiques, travailler avec eux pour voir comment utiliser au mieux ce foncier ».








