Nouvelle claque pour la gauche, large victoire de la droite et enracinement du Front national. Tels sont les principaux constats, entendus à maintes reprises, tirés des résultats des départementales des 22 et 29 mars.
Mais les conséquences du nouveau mode de scrutin ont été beaucoup moins commentées alors que c’est là aussi que se situe le « bouleversement durable de notre paysage politique », évoqué par Manuel Valls le soir du second tour.
Cette vieille institution de plus de deux siècles qu’est le département, ayant échappé à une mort programmée, un temps, par le gouvernement, vient de prendre un sacré coup de jeune et de modernisme en battant tous les records de renouvellement de ses élus : 64,4 % !
Sang neuf – Conséquence directe du nouveau mode de scrutin, la moitié des élus sont des femmes. Une petite révolution quand on sait que le conseil général, avec seulement 13,8 % de femmes, était l’assemblée la plus machiste.
L’effet est un peu amoindri au sommet puisque l’on ne compte que dix présidentes de conseil départemental. Mais la parité (obligatoire) existe aussi pour les exécutifs.
Autre signe fort du renouvellement, la moitié des départements ont changé de président : 27 ont basculé à droite et 23, tout en gardant la même majorité, ont un nouveau patron. Ces changements auront de fortes conséquences sur les directions générales, amplifiant le mercato, déjà élevé après les municipales de 2014.
Les nouveaux élus départementaux pourraient constituer la pépinière de la classe politique de demain. Avant cela, ce sang neuf devrait profondément modifier le fonctionnement des départements.
Assistanat – On peut regretter la forte nationalisation de ce scrutin. Pour parler du social – la grande part des compétences départementales -, la campagne n’aura pas été au rendez-vous, se limitant bien souvent à un mauvais débat sur l’assistanat. Ce qui ne rend pas service à une population précarisée par le chômage de longue durée.
Difficile de parler d’abus quand 68 % des travailleurs pauvres éligibles au RSA-activité n’y recourent pas. Le débat aurait plutôt dû porter sur la faisabilité des politiques d’insertion sociale et professionnelle de personnes en difficulté. La campagne électorale a préféré les oublier ou, pire, les dénigrer.
Les résultats de ces départementales n’augurent rien de bon pour les régionales de décembre. D’autant que la proportionnelle risque d’amplifier la nationalisation du scrutin. Un beau gâchis en perspective si les treize grandes régions, renforcées et dotées de nombreuses nouvelles compétences, ne se retrouvent pas vraiment au cœur de la campagne !
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