L’entourage du Premier ministre a assuré que cela ne signifiait pas l’abandon pur et simple de la taxe carbone. Cependant, a souligné ensuite le patron des députés UMP Jean-François Copé, il n’y aura pas de taxe carbone au 1er juillet 2010 comme prévu, à moins qu’il y ait un accord européen d’ici là.
Il faut que toutes les décisions prises en matière de développement durable soient analysées à l’aune de notre compétitivité. Cela vaut pour la taxe carbone, a insisté M. Fillon devant les députés UMP, vent debout contre cette taxe.
Nous voulons que les décisions soient prises en commun avec les autres pays européens sinon nous allons voir s’accroître notre déficit de compétitivité, a ajouté le chef du gouvernement, selon des propos confirmés par son entourage.
Priorité, a-t-il dit, à la croissance, l’emploi, la compétitivité, la lutte contre les déficits. Il faut aussi, a-t-il insisté, terminer la réforme des collectivités et faire celle des retraites.
Le chef de gouvernement s’exprimait deux jours après la sévère défaite de la majorité aux élections régionales, devant les députés UMP réunis salle Colbert d’abord à huis clos. C’était jour de rentrée mardi à l’Assemblée.
Dans un entretien au Figaro Magazine à la veille du premier tour des régionales, le président Nicolas Sarkozy avait laissé présager un changement de calendrier sur la taxe carbone, dont la première mouture a été recalée par le Conseil constitutionnel. Nous n’imposerons pas à nos industriels des contraintes si, dans le même temps, on autorise les importations venant de pays qui ne respectent aucune des règles environnementales à inonder nos marchés, avait dit le chef de l’Etat.
Chantal Jouanno désespérée, les ONG scandalisées
La secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Chantal Jouanno, s’est déclarée le 23 mars désespérée de ce recul. Je ne suis pas en phase avec cette décision, a-t-elle ajouté.
C’était possible de le faire en France avant de le faire en Europe. C’est ce qu’on avait prévu à l’origine, c’est ce que d’autres pays comme le Suède ont fait, a-t-elle ajouté. C’est vrai que ce n’était pas parfait, qu’on aurait aurait pu améliorer le texte, notamment concernant les particuliers pour qu’on puisse aider beaucoup plus les personnes à s’adapter, a-t-elle encore souligné.
Les principales ONG françaises de défense de l’environnement, scandalisées par le mépris qui caractérise la décision de retirer la taxe carbone, demandent mardi dans une lettre ouverte au président Nicolas Sarkozy s’il leur réserve « pour demain l’abandon du Grenelle ».
Vous avez signé le pacte écologique (de Nicolas Hulot, ndlr). Vous vous êtes personnellement engagé à faire de la taxe carbone un des piliers de votre politique environnementale, écrivent dix ONG, dont Réseau Action Climat France, Greenpeace, WWF, ou encore Les amis de la Terre. La taxe carbone n’est plus, et de votre promesse, il ne reste rien. Les associations sont scandalisées par le mépris qui caractérise cette décision, ajoutent-elles.
Ces ONG relèvent que « la médiatisation étant retombée », après le sommet de Copenhague, « l’enjeu du changement climatique se situe désormais bien loin des priorités du gouvernement ».
Thèmes abordés