Alors que le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, affirme la nécessité de tripler le nombre de caméras de voie publique en France, un rapport ministériel inédit conclue à «l’efficacité des dispositifs de vidéoprotection en matière de prévention de la délinquance».
S’appuyant sur les résultats des 63 brigades de gendarmerie et 49 circonscriptions de police disposant d’au moins dix caméras, ce rapport, daté d’août 2009 et réalisé par les différents services d’inspection du ministère de l’Intérieur (IGA, IGPN et IGGN), constate en effet que «les crimes et délits chutent deux fois plus vite dans les villes équipées que dans celles où aucun dispositif n’est installé».
Une affirmation qui va à contre courant de l’ensemble des études scientifiques existantes, unanimement sceptiques sur l’impact de la vidéosurveillance en matière de prévention des faits de délinquance.
Selon ce nouveau rapport, pourtant, les chiffres sont éloquents : en zone police, les 49 villes équipées ont vu leur délinquance générale diminuer de 13,5%, tandis que les autres enregistraient une baisse moins forte de 6,9%.
Une efficacité également vérifiée pour les taux de délinquance de proximité, d’atteintes aux biens et d’agressions contre les personnes. Même constat en zone gendarmerie, où la délinquance générale a diminué de 11,8% dans les communes disposant de caméras de surveillance alors qu’elle ne baissait que de 6,5% dans les non équipées.
«Les dispositifs de vidéoprotection ont montré leur efficacité en matière de prévention de la délinquance et leur impact en prévention dépasse le périmètre des zones vidéoprotégées. Bien qu’ils apportent une aide indiscutable à de nombreuses enquêtes et interpellations, leur impact sur le taux global d’élucidation reste encore modéré en raison d’une densité de caméras souvent insuffisante, ou de matériels qui ne permettent pas toujours une identification précise des personnes.»
Pas d’effet «plumeau»
Autre enseignement : l’impact des caméras sur le taux d’élucidation «reste encore peu marqué dans les villes équipées de vidéoprotection, même si un nombre croissant de personnes est mis en cause ou identifié grâce aux caméras». Toutefois, relève l’étude, ce taux progresse significativement «dans les villes ou une forte densité de caméras a été installée».
Enfin, selon l’étude, l’effet «plumeau», c’est-à-dire le déplacement de la délinquance des zones sous vidéoprotection vers les zones non couvertes, «ne semble pas avéré».
Dans une seconde partie, les auteurs du rapport passent au crible les différents facteurs d’efficacité : diagnostic préalable de sécurité, conditions techniques, centre de supervision urbaine, etc.
Cette étude sur l’efficacité de la vidéosurveillance est la première du genre en France. Elle fait suite à la publication de différents travaux comme ceux de l’Institut national des hautes études de sécurité et de l’Observatoire national de la délinquance.
Pour en savoir plus
Retrouvez notre dossier «Faut-il développer la vidéosurveillance»