La vidéosurveillance serait-elle entrée dans les mœurs ? Dans les rues, les gares, les magasins, les galeries commerciales et les parkings, les caméras prolifèrent. En 2007, plus de 1500 communes avaient fait le choix de s’équiper. Elles n’étaient que 800 en 2005. Hissé au rang de « priorité absolue » dans le plan national de prévention de la délinquance, présenté le 2 octobre dernier, le déploiement de la vidéosurveillance est largement porté par le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, qui veut tripler le nombre de caméras sur la voie publique.
Evolution significative, la vidéosurveillance semble désormais mieux acceptée par la société française. Selon un sondage Ipsos réalisé en 2008, 71% des Français se disaient « favorables » à la présence de caméras dans les lieux publics, contre 28% de « défavorables ». A la lecture de ces chiffres, les affrontements passionnels sur l’émergence d’un « big brother » liberticide semblent bien lointains.
Le débat, pourtant, n’a pas disparu, comme le rappelle la Grande-Bretagne, pays le plus vidéosurveillé au monde, où un rapport de la Chambre des Lords de février 2009 s’inquiète vivement de l’altération du « droit à la vie privée, pierre angulaire de la relation entre l’Etat et le citoyen ». Même préoccupation en France avec cette « alerte à la société de surveillance » lancée en 2007 par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).
Le débat est d’autant plus vif que le volontarisme gouvernemental et le zèle de certaines municipalités contrastent singulièrement avec l’absence d’évaluation de la vidéosurveillance, dont l’efficacité est contestée.
Dans ce contexte, les élus locaux affichent un certain pragmatisme et veulent intégrer les caméras comme « un outil parmi d’autres » sans en y voir une panacée. D’autres, en revanche, revoient leurs ambitions à la baisse et misent sur une « vidéosurveillance raisonnée ». Tous cependant s’inquiètent du poids que le plan d’équipement ministériel risque de faire peser sur les budgets municipaux.
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Faut-il développer la vidéosurveillance ?
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- L’essentiel – Faut-il développer la vidéosurveillance ?
- Une technologie en plein essor, à l’épreuve de l’évaluation (1/2)
- Une technologie en plein essor, à l’épreuve de l’évaluation (2/2)
- Un équipement qui pèse lourd sur les budgets municipaux
- INTERIALE
- Infographie : Les coûts de la vidéosurveillance et de la sécurité
- Libertés publiques : vers un nouvel encadrement juridique ? (1/2)
- Libertés publiques : vers un nouvel encadrement juridique ? (2/2)
- Interview de Tanguy Le Goff, sociologue à l’IAURIF
- Interview de Philippe Melchior, président du Comité de pilotage stratégique pour le développement de la vidéoprotection
- Pratiques des collectivités (1) – Vallée de Montmorency : l’intercommunalité dans l’œil des caméras
- Pratique des collectivités (2) – Draguignan : la ville éradique le stationnement en double file
- Pratique des collectivités (3) – Brignoles : profiter de la performance d’un wimax sans payer de licence
- Réglementation
- Ressources documentaires
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