S’il n’en reste plus qu’un, ce sera lui. A l’UMP, contre vents et marées, Henri Guaino campe sur sa ligne gaullo-jacobine. Nostalgique d’un Etat en majesté, le député voue un mépris souverain à la décentralisation. Si cela ne tenait qu’à lui, le préfet continuerait à présider l’assemblée départementale.
« La décentralisation est devenu un principe constitutionnel tel que l’on ne peut presque plus rien imposer aux collectivités. Le vrai problème, aujourd’hui, ce ne sont pas les libertés locales, mais l’autorité de l’Etat. C’est le vieux rêve capétien que certains s’échinent à faire disparaître », a-t-il fustigé, le 10 septembre, lors d’un colloque organisé par l’Association de soutien pour l’exercice des responsabilités départementales et locales (ASERDEL). Une structure qui, sous la houlette du patron (UMP) du Loiret, Eric Doligé, rassemble des conseils généraux hostiles au Gouvernement.
« Bouillon d’inculture »
Avec Henri Guaino, l’ASERDEL a trouvé son héraut. L’ex-conseiller de Charles Pasqua et de Nicolas Sarkozy ne s’embarrasse en effet pas des précautions d’usage. Pour lui, la réforme territoriale « millésimée 2014 » relève d’un « bouillon d’inculture ». Pis, de « la folie rationalisatrice du gouvernement».
Hermétique à la doxa anti-millefeuille, si en vogue dans son camp, Henri Guaino se fait le chantre des 36 000 communes. « Elles sont l’héritage d’une très vieille histoire, s’enflamme l’ancienne plume de Nicolas Sarkozy. Il y a des villages qui ont parfois beaucoup plus de mille ans. Ils s’appuient sur un personnel politique qui n’est pas payé. La commune, ce n’est pas un problème technique. C’est une question politique. »
Dans son viseur : les intercommunalités à fiscalité propre. « Les communes pouvaient très bien continuer à coopérer par le biais des syndicats. Cela permettait des économies, sans créer une structure de plus », déplore l’ex-commissaire général au Plan.
Les deux faces d’une même pièce
Les régions ne trouvent pas plus grâce à ses yeux. « Est-on vraiment sûr qu’en faisant passer totalement à la région le syndicat des transports d’Ile-de-France, on a amélioré les choses ? Il a fallu que le Président Nicolas Sarkozy intervienne pour que l’on dote le RER A de voitures à étages. Si l’Etat n’intervient pas, il ne se passe absolument rien », assure-t-il, sur un ton qui n’appelle guère la contradiction.
Pour Henri Guaino les grandes régions et les métropoles forment les deux faces d’une seule et même pièce. « Si l’on concentre toute la vie publique, économique et culturelle dans quelques métropoles, la productivité globale va-t-elle s’améliorer ? »
Haro sur le mini-Grand Paris
Le député des Yvelines s’en prend, au passage, au Grand Paris version « Lebranchu ». Au dessein institutionnel du gouvernement, il oppose les projets esquissés, en 2008-2009, par les équipes d’architectes internationaux. « La métropolisation repose sur une logique ouverte. Le Grand Paris, réduit à un conseil d’élus de Paris et de la petite couronne, c’est tout le contraire ce qu’il faut faire. L’échelle, aujourd’hui, c’est le grand bassin parisien et l’axe jusqu’au Havre. »
Et Henri Guaino de revenir à ses fondamentaux. Au-delà des « débats absurdes sur l’efficacité et les économies qui ne seront pas au rendez-vous », la réforme territoriale, met, selon lui, en jeu « l’identité » de la France. « Que va-t-il rester de l’unité nationale, si on continue comme ça ? », fustige-t-il, plus Cassandre que jamais.
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