A la veille des scrutins du printemps, la défiance envers les élus n’a jamais été aussi massive. L’abstention, qui ne cesse de grimper au fil des éditions municipales, devrait, selon les sondeurs, atteindre des sommets les 23 et 30 mars.
Le millefeuille politico-administratif apparaît de plus en plus indigeste à beaucoup. Les réformes territoriales, qui s’empilent à vitesse grand V, n’ont en rien allégé l’édifice.
De pôles métropolitains en pôles d’équilibre territoriaux et ruraux, de métropoles de droit commun en métropoles particulières, le citoyen perd son latin. Les tenants de « l’intelligence locale » ont beau jeu de rétorquer que ces dispositifs ne visent pas la lisibilité mais l’efficacité. Ces nouvelles structures, arguent-ils, ne sont que le reflet d’une société ultracomplexe.
Les Ă©lus entre eux – Ce discours prĂ©sente un inconvĂ©nient majeur : il laisse la population sur le bord de la route. La technicisation et la dĂ©politisation de l’action publique locale, pointĂ©es par Fabien Desage et David GuĂ©ranger dans un article rĂ©cent du « Monde diplomatique », alimentent la dĂ©saffection dĂ©mocratique.
La décentralisation a, certes, permis de doper l’investissement et d’offrir une palette de services publics « XXL ». Mais son but initial, rendre le pouvoir au citoyen, a été quelque peu perdu de vue. La loi « métropoles » accentue cette tendance. Les conférences territoriales de l’action publique, au sein desquelles les élus négocieront des bouts de compétence, donnent corps à l’aveu de Patrick Devedjian. En 2003, ministre délégué aux Libertés locales, celui-ci déclarait : « La décentralisation est faite par les élus locaux pour les élus locaux. »
Pour un rĂ©fĂ©rendum – Face Ă la crise politique qui ravage « la France pĂ©riphĂ©rique » chère au gĂ©ographe Christophe Guilluy, convier le peuple serait de bon ton. Oui, toute rĂ©forme ambitieuse passe par un rĂ©fĂ©rendum. MalgrĂ© leur bonne volontĂ©, les parlementaires, eux-mĂŞmes Ă©lus locaux, ont montrĂ© leurs limites. Trop d’intĂ©rĂŞts sont en jeu Ă l’AssemblĂ©e et au SĂ©nat qui s’affrontent pour mieux s’annihiler.
Redécoupage en une quinzaine de régions, suppression du département en milieu urbain, élection des métropoles au suffrage universel direct, limitation à trois mandats exécutifs locaux consécutifs (un premier pour impulser, un deuxième pour réaliser, un troisième pour transmettre), pouvoirs du Sénat revus à la baisse : toutes ces mesures d’utilité publique pourraient faire l’objet d’une consultation unique.
Plusieurs de ces pistes, cela tombe bien, ont été ouvertes par François Hollande lors de ses vœux. Au président de la République, désormais, de transformer l’essai.