Le projet de métropole du Grand Paris (MGP) a donné lieu à des échanges déterminants pour l’avenir de l’Ile-de-France. Il a aussi vu resurgir le spectre d’une recentralisation, fruit d’un effet d’optique lié à la taille de l’institution et à l’ampleur de ses enjeux.
Ceux-ci dépassent les intérêts locaux tels qu’ils pouvaient être une référence légitime jusqu’à l’émergence des interdépendances qui forment aujourd’hui la trame d’une région-capitale. Chaque Francilien vit déjà la métropole, que ce soit à travers les transports, la culture ou l’économie. Il fallait à cet ensemble démographique une traduction administrative et politique. La loi l’a fait et il faut s’en féliciter.
La MGP rationalisera l’organisation administrative, l’adaptera aux réalités vécues par les Franciliens et favorisera l’égalité entre les territoires, mais elle dotera aussi enfin la France d’une institution à la mesure des enjeux internationaux.
En cela, elle s’inscrit dans un mouvement historique que traduit l’influence croissante des grandes villes dans le monde : le fait métropolitain détache la question du rayonnement national de la seule action de l’Etat.
Légitimité démocratique – Loin d’être l’expression d’une vision jacobine, la métropole correspond à une consolidation de l’autonomie locale car elle est dotée de ressources mutualisées pour des politiques publiques renforcées. Elle pourrait aussi être le lieu idéal pour expérimenter l’adaptation infra-étatique des règlements et des lois. Une telle évolution représenterait le dépassement d’une certaine idée – née au XXe siècle – de la décentralisation et renforcerait la légitimité démocratique d’une métropole issue du suffrage universel direct.
Dans cette perspective, la mission de préfiguration de la MGP devra réaliser un travail considérable. Une métropole solidaire et ouverte ne pourra pas être réduite à une addition de politiques inchangées, ni même à la nécessaire intégration financière et fiscale, et encore moins à l’idée que la seule suppression d’échelons suffit à moderniser le service public et à en renforcer le périmètre.
La simplification institutionnelle implique le renforcement des politiques visant l’égalité réelle entre citoyens. Voilà la mission difficile des préfigurateurs : faire en sorte que la métropole ne fasse plus peur, mais soit le levier de nouvelles solidarités.