Présenté mardi matin 8 octobre 2013, le projet de rapport annuel 2013 du CESE sur l’état de la France s’appuyait sur le constat que « la France a des atouts et les Français de l’imagination » pour formuler des préconisations qu’il qualifie d’ « ambitieuses » afin « de renforcer la capacité du pays à relever les défis qui se pose à lui et à aborder avec optimisme une transition vers un monde nouveau. »
Ses auteurs, dirigés par André-Jean Guérin (Groupe environnement et nature), ont bénéficié de collaborations extérieures, telles que celle de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) pour arriver à quatre préconisations principales où le développement durable est présenté comme la base de la réforme de l’Etat (voir encadré).
Mais, l’après-midi même, le projet du rapport a été rejeté en assemblée plénière : 183 voix se sont exprimées au cours de ce vote (75 voix pour, 62 voix contre et 46 abstentions). Or, le règlement intérieur du CESE prévoit que l’adoption d’un projet d’avis en séance plénière requiert un nombre de votes « pour » supérieur à la moitié des votants.
Rien de grave pour Jean-Paul Delevoye, Président du CESE qui a déclaré que « ce vote négatif est le reflet d’un débat vivant au sein de l’institution, et plus largement, des débats qui agitent la société. La vocation du CESE n’est pas de faire consensus sur tous les sujets ».
Toutefois, dans les rejets des projets de rapports annuels ne sont pas choses courantes au CESE. Il s’agit en effet du premier rejet de cette mandature, le dernier datant de 2002 et concernait le projet de rapport de Jean-Marie Gorse relatif au « Renforcer l’attractivitĂ© de l’économie française au service de la croissance et de l’emploi ».
Avenir du projet de rapport – L’article 44 du règlement intérieur du CESE prévoit qu’en cas de non-adoption par l’assemblée plénière, le bureau décide de la suite à donner à la saisine.
Sa prochaine réunion est le 22 octobre, à suivre donc.
Une réforme de l’État basée sur le développement durable
Le CESE affirme que le dĂ©veloppement durable doit « inspirer la conduite de la rĂ©forme de l’État » et rĂ©clame une loi de programmation au Parlement. Il s’inquiète de voir le dĂ©veloppement durable « confinĂ© Ă la compĂ©tence d’un seul dĂ©partement ministĂ©riel » et suggère de confier au Commissariat gĂ©nĂ©ral Ă la stratĂ©gie et Ă la prospective « le soin de prĂ©parer la stratĂ©gie nationale de dĂ©veloppement durable et de s’assurer qu’elle soit adoptĂ©e par le Parlement comme loi de programmation ». Par ailleurs, il propose de « mesurer les diverses dimensions du bien-ĂŞtre collectif avec les indicateurs de dĂ©veloppement durable ». Ă€ titre d’exemple, il rappelle que selon l’Agence de l’environnement et de la maĂ®trise de l’Ă©nergie (ADEME), l’objectif d’une division par 4 des Ă©missions de gaz Ă effet de serre de 1990 Ă l’horizon 2050 est compatible avec un scĂ©nario de croissance Ă©conomique et des emplois.
DĂ©velopper des plates-formes et des pĂ´les de compĂ©titivitĂ© rĂ©gionaux – Pour renouer avec la compĂ©titivitĂ©, le CESE recommande « de prolonger et complĂ©ter les soutiens d’innovation et de fertilisation des tissus industriels rĂ©gionaux autour de plates-formes et pĂ´les de compĂ©titivitĂ© », de renforcer les possibilitĂ©s d’expĂ©rimentation des rĂ©gions et « tirer enseignement des possibilitĂ©s ouvertes sur ce plan aux collectivitĂ©s d’outre-mer ». Il rappelle que de nombreux travaux ont rĂ©cemment dĂ©montrĂ© une perte de compĂ©titivitĂ© de la France. Pour le Conseil, il est « indispensable de faire Ă©merger une offre française compĂ©titive et innovante sur les secteurs identifiĂ©s comme porteurs pour l’avenir. ».
Écarter le risque de dĂ©flation – Ă€ neuf mois des Ă©lections europĂ©ennes, le CESE insiste ainsi pour que les politiques publiques au sein de la zone euro prennent en compte le risque dĂ©flationniste et « l’exaspĂ©ration des peuples » face Ă l’austĂ©ritĂ© « sans s’enfermer dans des normes budgĂ©taires et les choix monĂ©taires rigides ». Il recommande que « le calendrier de retour aux Ă©quilibres budgĂ©taires soit adaptĂ© afin de soutenir l’activitĂ© Ă©conomique des prochaines annĂ©es ».
Instaurer un salaire minimum dans chaque Etat membre de l’Union europĂ©enne – Cette mesure devrait s’appliquer Ă©galement en Allemagne et en rapport avec le niveau de dĂ©veloppement de chaque pays. Selon le Conseil, le travail effectuĂ© dans chaque pays doit « respecter le niveau de salaire minimum de ce pays » et non celui du pays d’origine.
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