« Le Comité des régions doit adopter moins d’avis, mais plus ciblés »
L’ancien ministre de la Ville de François Mitterrand a été élu, jeudi 16 février, président du Comité des régions pour un mandat de deux ans. Député-maire PS de Dunkerque, président de la communauté urbaine, Michel Delebarre, 59 ans, siège au Comité des régions depuis 1998. Il était depuis 2002 président du groupe du Parti socialiste européen.
Quelles seront vos priorités durant ces deux prochaines années ?
J’arrive à un moment où l’Europe se cherche après le non de la France et des Pays-Bas à la Constitution. Il faut maintenant relancer le débat et je pense que le Comité des Régions aura son rôle à jouer d’autant qu’il a une particularité : il rapproche ceux qui sont, électoralement parlant, les plus proches des citoyens européens. Nous devrons aussi accompagner la mise en oeuvre de la stratégie de Lisbonne qui ne pourra pas se faire indépendamment du rôle des collectivités et des régions. C’est de leur compétence et de leur responsabilité. Enfin il nous appartiendra de veiller à la mise en oeuvre de la nouvelle politique de cohésion. Nous revenons d’ailleurs de loin. Je vous rappelle qu’il y a deux ans certains proposaient de la supprimer purement et simplement même si les montants ont été en partie revus au profit des nouveaux Etats membres.
Justement, ne craignez-vous pas une compétition plus grande entre régions françaises présidées majoritairement par vos amis socialistes pour décrocher des subventions européennes ?
C’est vrai qu’il n’y aura plus de zonage et que cela va créer de nouveaux enjeux. Mais des critères d’éligibilité existent et il appartiendra notamment aux régions de démontrer la pertinence de leurs projets.
La Constitution aurait permis au Comité des Régions de pouvoir saisir la Cour de justice lorsqu’une législation européenne en préparation risquait d’outrepasser le sacro saint principe de subsidiarité. Dommage ?
C’est raté, c’est vrai. Mais c’est comme pour la dissuasion nucléaire, je suis sûr qu’on ne s’en serait pas servi. Tout cela prouve une chose : nous avons besoin de travailler très en amont dans la rédaction des textes de loi européens pour être sûr que le principe de subsidiarité est respecté. Et je reste persuadé que même sans Constitution ce travail reste possible entre les régions, les collectivités et la Commission.
Le problème du Comité des régions c’est son manque de visibilité dans le triangle institutionnel européen (Commission, Conseil, Parlement)
Oui, vous avez raison, il nous faut plus de visibilité. Quand le Parlement adopte une proposition législative, le Comité des régions a généralement rendu son avis quatre ou cinq mois avant, et personne ne s’en soucie. Ce sera l’un de mes objectifs. Cela suppose d’abord que le Comité adopte moins d’avis mais des avis plus ciblés. Je compte aussi proposer que désormais chaque année le Comité des régions fasse remonter dix exemples de bonnes pratiques qui pourraient servir d’exemple aux collectivités et aux régions.
Député, maire, président de la Communauté urbaine de Dunkerque, et maintenant président du Comité des régions, cela ne fait pas trop de mandats?
Etre président de la Communauté urbaine ce n’est pas un mandat. C’est la continuation de mon mandat de maire. Comme vous le savez aussi, un député dans l’opposition n’est pas tellement débordé. (rires). Mais vous me posez la question trop tôt J’ai toutefois le sentiment que beaucoup de mes collègues pensent que je suis capable de remplir toutes mes obligations à la fois.
Propos recueillis à Bruxelles.
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