Plus de deux mois après le début du procès du naufrage de l’Erika, le tribunal correctionnel de Paris a commencé le 23 avril, avec les paludiers des marais de Guérande, à évoquer les drames humains et économiques que la marée noire a provoqués sur le littoral.
Après l’étude des faits et les affrontements d’experts, le tribunal a entamé l’audition des parties civiles : syndicats, localités, associations professionnelles ou intérêts commerciaux qui se disent lésés par la marée noire et réclament des dommages et intérêts.
Curieusement, a remarqué le président Jean-Baptiste Parlos, aucune des nombreuses communes bretonnes qui se sont portées parties civiles n’a souhaité s’exprimer à la barre. Maître Alexandre Varaut, qui en représente plusieurs, a expliqué qu’à l’approche de la saison, elles ne voulaient pas que leur nom apparaisse « dans la presse internationale », au risque d’effrayer les touristes.
Pour les quelques 70 producteurs de sel de Guérande, la marée noire qui a suivi le naufrage de l’Erika en décembre 1999 a sonné le début de plus d’un an de combat afin d’empêcher le pétrole de s’insinuer dans les marais par les 50 km de chenaux qui l’irriguent, a expliqué Olivier Péréon, président du Syndicat des paludiers.
En 2.000, ils perdent 100% de leur production, soit 14.000 tonnes de sel, un manque à gagner dont ils négocient encore aujourd’hui le dédommagement avec le Fipol. L’organisme d’indemnisation abondé par les compagnies pétrolières a déjà versé 80% mais ne souhaite pas dépasser 92%.
Mais aujourd’hui, les paludiers demandent au tribunal des dommages et intérêts pour cette lutte qu’ils ont dû livrer : « notre métier, ce n’est pas de ramasser du pétrole et de dresser des barrages », s’indigne Olivier Péréon, qui a indiqué qu’il souhaitait demander 400.000 euros pour les producteurs de sel de Guérande.
L’ancien rameur Jo Le Guen, porte-parole du Syndicat pour l’assainissement du monde maritime (SPAMM), s’est dit « révolté par le système inique du Fipol » qui accorde aux compagnies pétrolières « l’impunité en échange d’une obole ».
Le tribunal devrait notamment entendre le 24 avril les présidents des régions touchées par la marée noire.
Justice, jurisprudence
Erika : le tribunal évoque pour la première fois les conséquences de la marée noire
Publié le 23/04/2007 • dans : France
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