« Nous avons eu une approche macro-économique, de manière à définir si le projet était en phase avec les grands objectifs du Grenelle », expliquent Sébastien Genest (France Nature Environnement) et Pierre-Jean Rozet (groupe CGT), qui ont présenté le rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Et ils ont estimé que « le projet ne permettait pas d’atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre (GES) affichés dans la loi.
Evaluation des projets. Ainsi, ils recommandent de réaliser un audit actualisé des besoins de rénovation des réseaux existants. « Ne pas réduire l’accessibilité au seul critère de la vitesse » est la principale critique formulée à l’égard du futur réseau LGV. Parce que le développement des LGV pourrait se traduire par des crédits moins importants pour désenclaver le territoire, l’avis préconise de consacrer l’argent disponible à la régénération du réseau existant, tous modes confondus (route, rail, fluvial).
C’est aussi la raison pour laquelle il suggère de « procéder à une nouvelle évaluation de l’utilité socio-économique et environnementale des projets listés au SNIT. »
EquitĂ© territoriale – PrĂ©servation de la diversitĂ©, rééquilibrage entre les modes, financement des infrastructures : tels sont les points faibles relevĂ©s par les rapporteurs, soucieux par ailleurs de garantir l’équitĂ© territoriale. « Ce ne sont pas les capacitĂ©s contributives des collectivitĂ©s qui doivent conditionner les projets, mais plutĂ´t l’articulation entre le projet de schĂ©ma national et les schĂ©mas de transport des collectivitĂ©s.»
Financement – Les deux rapporteurs proposent de confier Ă un organisme indĂ©pendant l’évaluation des externalitĂ©s gĂ©nĂ©rĂ©es par le transport routier, fret et voyageurs. Ils suggèrent aussi d’utiliser les possibilitĂ©s de la directive Eurovignette 3 pour augmenter, via la taxe poids lourds (prĂ©vue en 2013, et qui reprĂ©sentera environ 1 milliard d’euros) les ressources de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF) et des collectivitĂ©s.
Cette nouvelle directive, adoptée en septembre 2011, offre la possibilité d’intégrer dans la taxe poids lourds les coûts externes environnementaux.
Enfin, s’appuyant sur l’exemple du Livret A qui finance le logement, ils proposent de créer une épargne dédiée, et de maintenir une part de la dotation de l’Etat à l’AFITF pour financer les infrastructures priorisées dans le Snit.
Programmation pluriannuelle – Il s’agit d’identifier dans le Snit les projets jugĂ©s prioritaires Ă 10-15 ans. Puis il faut Ă©laborer une programmation quinquennale de leur mise en Ĺ“uvre. En règle gĂ©nĂ©rale, la hiĂ©rarchisation des projets imposera de donner la prioritĂ© Ă l’optimisation de l’existant, par rapport Ă la construction de nouvelles infrastructures. Il s’agira aussi de privilĂ©gier les alternatives Ă la route et l’aĂ©rien, de manière Ă rĂ©duire de manière notable les Ă©missions de gaz Ă effet de serre.
CoĂ»t « considĂ©rable » – Le projet de Snit reprĂ©sente un coĂ»t de 245 milliards d’euros : 105 milliards devraient ĂŞtre consacrĂ©s Ă l’optimisation de l’existant, et 140 milliards d’euros financeraient le dĂ©veloppement des nouvelles infrastructures.
Or, les rapporteurs déplorent que ce montant global « considérable » n’intègre pas le projet de rocade « Grand Paris » (25 milliards d’euros), ni les transports collectifs relevant du budget des collectivités locales (47 milliards d’euros).
Projet de Snit : la synthèse des rapporteurs
Sébastien Genest et Pierre-Jean Rozet, les deux rapporteurs du CESE, présentent les grandes lignes de leur avis au nom de la section de l’aménagement durable des territoires.
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