«C’est du jamais-vu dans la gestion des listes Ă©lectorales », dĂ©nonçait Patrick Deguise, ancien maire (Renaissance) de Noyon (1), après sa rĂ©inscription ordonnĂ©e par le tribunal judiciaire de Compiègne, le 14 avril 2022. Selon l’avocat ÂPhilippe Bluteau, spĂ©cialiste en droit public, la maire (LR) ÂSandrine Dauchelle avait engagĂ© plusieurs procĂ©dures pour le radier, arguant qu’il n’habitait plus la commune. Pourtant, il avait Ă©tĂ© Ă©tabli, Ă trois reprises, qu’il Ă©tait propriĂ©taire et contribuable local, donc Ă©ligible Ă l’inscription. Pour Philippe Bluteau, ces dĂ©marches visaient autant Ă dĂ©crĂ©dibiliser un Âopposant qu’à lui faire perdre du temps et de l’argent. Le tribunal, excĂ©dĂ©, a condamnĂ© la commune et la maire, pour plainte abusive en diffamation, estimant que ces tentatives de radiation relevaient d’une ÂanimositĂ© politique.
Pratiques inégales
Un cas isolĂ© ? Pas pour La France insoumise, qui alimente ces polĂ©miques depuis plusieurs annĂ©es, au point d’en faire un sujet central de la commission d’enquĂŞte parlementaire sur l’organisation des Ă©lections. Une prĂ©occupation que ne partagent pas tous les Ă©lus locaux. Philippe Rio, maire (PCF) de Grigny (2), relativise : « Pour moi, c’est un non-sujet. C’est une mission confiĂ©e Ă une Âcommission qui se rĂ©unit rĂ©gulièrement. »
Entre mars 2022 et mai 2024 cependant, près de 4 millions de personnes ont été radiées des listes électorales pour cause de décès, changement de commune ou par décision judiciaire. Mais parmi elles, environ 530 000 radiations sont dues à une perte d’attache communale, régulièrement ciblée. Et selon les projections d’Antoine Léaument, député (LFI) et rapporteur de la commission d’enquête parlementaire, ce chiffre pourrait atteindre 1,2 million d’ici à 2027. Ces radiations concernent en principe, d’après le code électoral, les personnes qui ne peuvent plus justifier d’un lien avec la commune (résidence, gestion d’une entreprise locale, paiement d’impôts dans la commune, ou rattachement au domicile parental pour les jeunes de moins de 26 ans…).
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