La FMVM a publié un manifeste « Pour un rebond industriel français ». Mais dans votre ouvrage, vous expliquez que « l’international domine toute action, plus rien n’est strictement régional ou national ».
Quelles sont alors les marges de manœuvre des villes moyennes ?
Le fait que la mondialisation ait pénétré l’ensemble de la vie économique et sociale des territoires est une réalité. 35 % de notre revenu national est réalisé en liaison avec l’étranger.
Le territoire ne peut pas être une sorte de cocon à l’abri des mouvements mondiaux. Mais, une fois cette réalité assumée, il faut passer à l’offensive. Plus de 60 % des PME industrielles et des activités productives sont inscrites au cœur des bassins d’emplois des villes moyennes. Ces dernières ont un rôle clé à jouer pour conserver du dynamisme économique.
Votre ville, Saint-Dié-des-Vosges, est un bon exemple de bastion industriel historique frappé par la crise. Quelles ont été vos réponses pour limiter la casse ?
Notre bassin d’emplois a vu ses effectifs diminuer de 50 % sur les 15 dernières années. Nous avions de grands noms du textile, qui ont pratiquement tous disparu. Nous sommes typiquement dans le schéma des villes moyennes qui ont été lourdement touchées par la désindustrialisation.
Or, ces grandes entreprises ne reviendront pas. Il faut encourager la constitution d’un autre tissu, des PME et TPE, qui bouillonnent de potentiel d’innovation. Pour cela, il faut déjà les faire profiter des dispositifs financiers existants, comme Oséo.
Améliorer la formation professionnelle au tissu local est une autre urgence. C’est pourquoi j’encourage les établissements d’enseignement supérieur décentralisés. Ici, nous avons créé une école d’ingénieurs, un IUT, et le CIRTES (Centre européen de prototypage et d’outillage rapide), qui vient d’être labellisé par l’Etat parmi 10 plates-formes nationales.
Pas mal pour une ville de 23 000 habitants ! L’élu local doit être un impulseur de solutions.
Comment le maire peut-il attirer ce nouveau tissu industriel ?
Il a un rôle majeur : il crée le cadre pour augmenter les chances de succès de ces implantations d’entreprises. Ce n’est pas dans un désert culturel, sportif et de santé, qui sont pour la plupart liés à des équipements publics, que l’on crée des emplois !
Les villes sont un écosystème où il faut créer l’environnement favorable aux industries : transports, réseaux à haut débit, etc. Sinon, on engendre « l’horreur territoriale ».
Vous prônez également la création d’un réseau décentralisé de banques publiques régionales adossées à la Caisse des dépôts et consignations. Pourquoi ?
Il y a une grande nécessité de répondre aux besoins de financement des petites, voire très petites, entreprises. Pour cela, il faut des banques locales avec une holding nationale.
Les fonds de capital risque régionaux qui existent n’ont pas l’ampleur nécessaire. Il faut des établissements dotés d’une vision volontariste et servant une politique industrielle régionale, proche des entreprises.
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