En affirmant pouvoir dĂ©ployer la fibre optique sans argent public, sur tout le territoire, y compris les zones couvertes par des projets de rĂ©seaux d’initiative publique (RIP) dont les collectivitĂ©s ont la responsabilitĂ©, SFR a lancĂ© un pavĂ© dans la mare. Ses dĂ©clarations ont Ă©tĂ© moquĂ©es par beaucoup. Cependant, ce n’est pas par dĂ©pit, après avoir perdu l’Ă©norme marchĂ© de la rĂ©gion Grand Est, que l’opĂ©rateur a lancĂ© ces dĂ©clarations…
Financièrement, l’annonce de SFR vous semble-t-elle crĂ©dible ?
L’opĂ©rateur, a priori, ne pourra pas couvrir avec ses fonds propres toutes les zones RIP, sauf s’il a trouvĂ© une martingale lui permettant de ne pas avoir Ă Ă©quilibrer les coĂ»ts de dĂ©ploiement du rĂ©seau et les revenus issus de ce rĂ©seau. Actuellement, les modèles tablent sur des taux de remplissage de 80 Ă 90% en 12 Ă 15 ans, et sur les RIP, les tarifs sont encadrĂ©s par les lignes directrices de l’ARCEP. Les recettes sont donc assez balisĂ©es, et les marges de manĹ“uvres faibles.
CĂ´tĂ© dĂ©penses, si l’objectif est d’atteindre un taux de rentabilitĂ© de 10%, sans aucun financement public, SFR ne peut aller au-delĂ d’un coĂ»t de dĂ©ploiement nominal de 4 Ă 500 euros par prise, hors coĂ»t de raccordement de l’abonnĂ©. Avec les technologies actuelles, il est impossible de fibrer tout le territoire avec un coĂ»t moyen si bas !
D’autant que, en matière de rĂ©seaux, les recettes ne sont pas immĂ©diates…
Oui, c’est une difficultĂ© supplĂ©mentaire : si les investissements sont concentrĂ©s sur les premières annĂ©es, les recettes sont, elles, Ă©talĂ©es sur une longue voire très longue pĂ©riode.
Les plans d’affaires des RIP le montrent bien : en valeur nominale, le cumul des flux de trĂ©sorerie qui dĂ©termine la rentabilitĂ© du projet, ne devient souvent positif qu’au bout de 13 Ă 15 ans, alors mĂŞme que ces projets sont en partie financĂ©s par fonds publics. Ce n’est qu’après cette pĂ©riode que des excĂ©dents peuvent ĂŞtre dĂ©gagĂ©s et donc assurer une rentabilitĂ© aux actionnaires. Or lorsque l’on attend une rentabilitĂ© de 10%, un euro perçu dans 10 ans ne pèse pas du tout la mĂŞme chose qu’un euro dĂ©pensĂ© la première annĂ©e. En d’autres termes, il ne suffit pas de faire la balance entre les dĂ©penses et les recettes, mais il faut « actualiser » ces flux pour les ramener en valeur d’aujourd’hui, cette actualisation s’effectuant au taux de rentabilitĂ© attendu. Dans ces conditions, 1 euro perçu dans 10 ans ne « vaut », après actualisation, que 0,38 euros. Ce mĂŞme euro perçu dans 20 ans ne vaut plus que 0,15 euros après actualisation…
Pourquoi, alors, ces déclarations fracassantes de SFR ?
La stratĂ©gie de SFR est plus subtile qu’il n’y paraĂ®t et le moment que l’opĂ©rateur a choisi n’est pas anodin. Avec un nouveau prĂ©sident, un nouveau gouvernement,
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Gazette des Communes, Club Finances
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