Le logement a été l’un des thèmes les moins abordés lors de la campagne présidentielle. Hormis le « choc de l’offre » pour les territoires tendus, Emmanuel Macron n’a touché mot de sa vision du secteur. En cette rentrée, le logement social occupe désormais le devant de la scène, mais ses acteurs s’en seraient bien passés. Au même titre que d’autres dossiers touchant les collectivités, le gouvernement a joué l’effet de surprise, dévoilant par petits bouts, au cœur de l’été, ses projets. La baisse de 5 euros des aides personnalisées au logement (APL), dès le 1er octobre, n’était qu’un amuse-bouche. Aujourd’hui, il est question, sans grande précision, d’une baisse plus conséquente, de 10 à 60 euros, selon des critères que l’on ignore encore, mais compensée par les bailleurs sociaux. Objectif: réduire d’environ un milliard d’euros le budget des APL dans la loi de finances pour 2018.
Vision comptable
Au-delà du fait que l’on peut s’interroger sur le traitement différencié des allocataires, selon qu’ils logent dans le parc public ou privé, le raisonnement exclusivement comptable — comme c’est le cas pour la baisse de 13 milliards des dépenses de fonctionnement des collectivités — guidant ce rabotage pose question. Le système des APL doit être réformé, c’est entendu pour les acteurs du logement social. Les parlementaires Philippe Dallier (LR) et François Pupponi (PS), notamment, avaient proposé dans leur rapport plusieurs pistes de réflexion, non reprises pour le moment. Les loyers de certains logements HLM pourraient être diminués, l’Union sociale pour l’habitat en convient. Elle-même avait proposé dans son projet Cap HLM une baisse ciblée sur certains types de logement.
Quoi qu’il en soit, appliquer massivement une telle politique risque de fragiliser l’économie du secteur du logement social et, plus largement, de l’économie du bâtiment dans son ensemble. Le fameux « choc de l’offre » pourrait rapidement en pâtir… Tout comme les 1,8 million de demandeurs de logements sociaux.
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