« Nous souhaitons peser sur les choix du gouvernement quant à l’organisation de la fusion des régions. » À la suite de la première réunion du groupe de travail « Défense des capitales et des équilibres régionaux », Benoist Apparu, tête d’affiche du collectif et député-maire de Chalons-en Champagne, a annoncé clairement son objectif : obtenir de l’État des contreparties pour les futures ex capitales « déclassées » suite, notamment, au vote, par l’Assemblée nationale le 9 décembre, de la loi relative à la réforme territoriale. Dans cette nouvelle organisation qui fait passer le nombre des régions françaises de 22 à 13, neuf chefs-lieux devront céder leur place à des villes plus influentes.
Maintien des agents des régions – Si le nom des grandes gagnantes ne sera connu par décret qu’après la promulgation de la loi, c’est à dire pas avant le début de l’année 2016, le sort de Châlons-en-Champagne et de Metz est, lui, déjà scellé.
C’est Strasbourg qui a, à ce stade, été désignée comme capitale de la région « Grand Est », Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne.
Initié par « Villes de France » et l’Association des maires des grandes villes de France (AMGVF), ce lobby des probables futures-exs, a rassemblé aux côtés de Benoist Apparu, Pascal Curie (PS), conseiller municipal à Besançon, Patrick Trannoy (PS), conseiller régional dans le Limousin, Jean-Luc Bohl (UDI), président de la communauté d’agglomération Metz Métropole, et Bruno Bourg-Broc, président de la communauté d’agglomération de Châlons-en-Champagne (UMP).
Ce collectif hétéroclite s’est fixé plusieurs missions dont la première sera de dresser un bilan chiffré des conséquences économiques et démographiques de la réforme sur leurs circonscriptions : « Combien de salariés sont employés par le Conseil régional sur ces territoires ? Combien dépendent des directions régionales de l’État ? Nous ne le savons pas, s’étonne Benoist Apparu, c’est pour cela que nous demanderons des données détaillées à L’État. »
… et de l’Etat – Autre objectif : « faire des recommandations à l’État pour réorganiser les régions en respectant les équilibres territoriaux ». En clair, Châlons-en-Champagne et ses partenaires souhaiteraient convaincre le gouvernement de leur laisser quelques prérogatives, en ne concentrant pas tous les services de l’Etat dans les futures capitales régionales.
Ainsi, les agglomérations déchues voudraient conserver les rectorats, les Agences régionales de santé ou encore les directions régionales des finances publiques laissant le Conseil régional aux nouveaux chefs-lieux.
Si pour le moment, le gouvernement laisse la question de l’organisation de ses services en suspens, c’est bien sur ce point que les perdants du mercato institutionnel veulent abattre leurs dernières cartes.
Car, comme le rappelle Jean-Luc Bohl, l’enjeu est de taille : « Perdre le statut de capitale régionale n’est ni anecdotique ni anodin. » Et pour Châlons-en-Champagne, après l’annonce en octobre de la fermeture du 1er régiment d’artillerie de marine, le sort semble s’acharner.
L’ancien ministre du Logement qui se défend de toute « démarche revancharde », veut rencontrer au plus vite le Premier ministre ainsi que Thierry Mandon, secrétaire d’État chargé de mener la réforme de l’Etat : « Nous voulons simplement garantir un équilibre et une équité territoriale. »
Vers une France à deux vitesses ? – La crainte des élus ? Que les zones rurales pâtissent de la fusion et que cette nouvelle carte engendre « une France à deux vitesses. »
Ambitieux, le collectif entend rassembler les neuf villes déchues pour peser sur les décisions du gouvernement. Mais à l’heure où certaines villes jouent encore leur place, beaucoup d’élus gardent leur distance de peur d’envoyer un mauvais signal en rejoignant prématurément ce club des ex. À l’image de Brigitte Fouré, la maire d’Amiens, qui ambitionne de faire de sa ville une capitale administrative face au géant Lillois a refusé l’invitation de Benoist Apparu. L’élue UDI, a déclaré n’avoir « aucun intérêt à rejoindre un collectif des capitales défuntes. »
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