« Nous n’avons pas de vote arrêté pour le moment car le texte tel qu’il existe aujourd’hui ne nous satisfait pas », fait savoir Cécile Cukierman, sénatrice (CRC) de la Loire et membre de la commission des lois. Premier reproche : les sénateurs regrettent que le projet de loi ne prévoie pas de donner plus de moyens aux élus et « qu’au contraire il envisage de concentrer le pouvoir aux mains de quelques-uns », rapporte la sénatrice.
Pour le groupe CRC, la première partie du texte telle que réécrite est importante car « au lieu de hiérarchiser les collectivités, on crée des espaces de coopération et il faut encourager tout ce qui va dans ce sens ». Mais même si la commission des lois a effectué un vrai travail de réécriture du texte avec, entre autres, la suppression du pacte territorial, les sénateurs communistes ont déposé un amendement afin de créer une conférence des exécutifs locaux pour qu’il n’y ait pas de confusion sur les lieux d’exercice du pouvoir.
Le groupe CRC regrette par ailleurs que le texte n’envisage pas l’abrogation de la loi du 16 décembre 2010 portant réforme des collectivités territoriales « alors qu’il s’agit d’une demande des élus locaux qui voient dans cette loi de 2010 la consécration de l’obligation de fusion des communes à marche forcée », précise la sénatrice.
Cette demande fait aussi l’objet d’un amendement du groupe.
Des mĂ©tropoles sous contraintes – En outre, les sĂ©nateurs communistes dĂ©plorent que le texte de la commission confirme la crĂ©ation de la mĂ©tropole Aix-Marseille-Provence « alors que 109 Ă©lus sur 118 ne partagent pas cette dĂ©cision, souligne CĂ©cile Cukierman. Il s’agit d’un rĂ©el problème de dĂ©mocratie. »
Et de poursuivre : « Nous avons le sentiment qu’à un an des élections municipales, moment fort de la démocratie, on précipite la réorganisation du pays avec, dans certains endroits, des mesures qui sont fortes de conséquences. »
Les sénateurs communistes ont donc déposé un amendement afin de privilégier, à la place du projet de métropole Aix-Marseille-Provence, la constitution d’un pôle métropolitain dans un syndicat mixte. « Aujourd’hui, il nous paraît impossible de voter un texte visant à imposer une métropole à des élus qui n’en veulent pas », soutient la sénatrice.
Le groupe CRC a aussi déposé un amendement concernant la mise en place de la métropole de Paris et l’achèvement de la carte intercommunale en Ile-de-France afin d’abaisser le seuil de constitution d’un établissement public de coopération intercommunal (EPCI) à 100 000 habitants et non à 200 000 comme prévu par la commission.
Tout sera dĂ©jĂ cloisonnĂ© et rĂ©parti – Pour le moment, « nous avons de fortes craintes qu’au travers du premier texte, on acte ce qui sera la future organisation du pays et que lorsque arrivera l’examen du troisième texte sur la solidaritĂ© territoriale, il sera difficile d’en parler car tout sera dĂ©jĂ cloisonnĂ© et rĂ©parti », conclut la sĂ©natrice.
Le PCF dĂ©nonce une « profonde rĂ©gression dĂ©mocratique »
Le Parti communiste français (PCF) rĂ©uni en conseil national Ă huis-clos samedi 25 mai 2013 a dĂ©noncĂ© l’acte 3 de la dĂ©centralisation qui « porte une profonde rĂ©gression dĂ©mocratique ». Pour le PCF, « la rĂ©forme des collectivitĂ©s territoriales laborieusement avancĂ©e par le gouvernement actuel s’inscrit au contraire dans le cadre de celle de 2010 » de Nicolas Sarkozy. « Le dĂ©coupage en trois de ce projet n’y change rien : il porte une profonde rĂ©gression dĂ©mocratique », Ă©crit le PCF dans un communiquĂ©.
Le parti estime que « deux objectifs sont poursuivis :
- organiser l’encadrement par l’État des dĂ©penses des collectivitĂ©s et donc l’austĂ©ritĂ© ;
- et rĂ©pondre aux exigences de compĂ©titivitĂ© libĂ©rale du Medef ».
« Pour cela, il organise sans dĂ©tours la casse de la dĂ©mocratie locale, la concentration des pouvoirs et l’Ă©clatement de l’Ă©galitĂ© rĂ©publicaine entre les territoires », est-il ajoutĂ©. Le parti communiste dĂ©nonce ainsi des « consĂ©quences (…) monumentales » : « la fin des communes comme espaces de souverainetĂ© populaire et de dĂ©cision. Voire la fin des dĂ©partements ».
« Le vote des alsaciennes et des alsaciens contre la fusion des dĂ©partements et de la rĂ©gion devrait pourtant alerter le gouvernement : les citoyens refusent les bouleversements institutionnels qui n’apportent aucune avancĂ©e dĂ©mocratique pour eux », prĂ©vient le PCF.
« De multiples expĂ©riences, comme celle de Paris-MĂ©tropole, montrent que d’autres modèles que celui du centralisme autoritaire sont capables de fonctionner et peuvent ĂŞtre porteurs de dynamiques engageant beaucoup plus la population », ajoute-t-il.
Le parti de la place du colonel Fabien accuse aussi « la rĂ©forme aberrante des modes de scrutin, faisant des cantonales le seul scrutin sans proportionnelle, visant Ă Ă©lire des assemblĂ©es bipolaires, non conforme Ă la pluralitĂ© politique de notre pays ». Le PCF dĂ©nonce « le redĂ©coupage des cantons qui est en train de se tramer en toute opacitĂ©, au profit du pouvoir en place », selon lui.
« Depuis longtemps, le projet de loi gouvernemental aurait dĂ» ĂŞtre purement et simplement retirĂ© pour laisser place Ă une vĂ©ritable discussion sur les enjeux, les besoins et les moyens nĂ©cessaires », Ă©crit le PCF qui appelle Ă manifester le 30 mai, Ă Paris devant le SĂ©nat oĂą sera discutĂ© le projet de loi.
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