RĂ©ponse du ministère chargĂ© du Logement : Les infractions au code de l’urbanisme revĂŞtent des formes variĂ©es, de l’implantation irrĂ©gulière d’habitat lĂ©ger Ă la construction ou l’extension illĂ©gale de constructions existantes, en passant par des problĂ©matiques d’habitat prĂ©caire.
DiffĂ©rents instruments existent pour traiter ce phĂ©nomène dès l’amont, bien avant la rĂ©ponse pĂ©nale, en limitant les implantations illĂ©gales.
La dĂ©marche de planification est un premier outil. Elaborer un document d’urbanisme permet de fixer un cadre juridique, par exemple en prĂ©voyant des interdictions de construire dans certains secteurs de la commune, en ciblant les territoires prĂ©sentant un risque Ă©levĂ© de constructions illĂ©gales et les formes d’implantation non souhaitĂ©es. Ce document renforce donc la capacitĂ© de la commune Ă verbaliser les auteurs d’infractions.
La protection des secteurs sensibles constitue un second outil. La surveillance foncière des secteurs Ă risque ou isolĂ©s, propices Ă des implantations discrètes, peut ĂŞtre effectuĂ©e par l’instauration du droit de prĂ©emption de la collectivitĂ© compĂ©tente. Celle-ci peut alors, grâce aux dĂ©clarations d’intention d’aliĂ©ner qui lui sont transmises en cas de vente de terrains, repĂ©rer les transactions atypiques pouvant donner lieu Ă des implantations illĂ©gales et ainsi intervenir le plus tĂ´t possible en recourant aux outils de maĂ®trise foncière (acquisition amiable, prĂ©emption, exceptionnellement expropriation).
Enfin, les collectivitĂ©s peuvent s’appuyer sur le contrĂ´le du dĂ©veloppement des rĂ©seaux d’Ă©lectricitĂ©, d’eau, de gaz ou de tĂ©lĂ©phone, grâce Ă l’article L. 111-12 du code de l’urbanisme qui interdit le raccordement dĂ©finitif aux rĂ©seaux des constructions illĂ©gales. En cas d’implantation illĂ©gale, les infractions pourront susciter une rĂ©ponse pĂ©nale.
Une instruction ministĂ©rielle en date du 3 septembre 2014 a permis de mettre en place des protocoles pour renforcer l’accompagnement des maires par les services dĂ©concentrĂ©s de l’État dans l’exercice de leurs missions de contrĂ´le. Ces protocoles permettent en particulier d’identifier les prioritĂ©s en matière de lutte contre les infractions. Lorsqu’une infraction a effectivement Ă©tĂ© constatĂ©e, le procureur de la RĂ©publique porte la responsabilitĂ© du dĂ©clenchement de l’action publique, conformĂ©ment aux principes gĂ©nĂ©raux de la procĂ©dure pĂ©nale.
La rĂ©ponse pĂ©nale s’inscrit toutefois dans le temps long. C’est pourquoi l’autoritĂ© compĂ©tente est dĂ©sormais dotĂ©e de nouveaux moyens d’action rapide pour traiter les infractions aux règles d’urbanisme.
Ainsi, les articles L. 481-1 Ă L. 481-3 du code de l’urbanisme permettent Ă l’autoritĂ© compĂ©tente de mettre en demeure l’auteur des infractions ayant fait l’objet d’un procès-verbal, afin qu’il mette la situation en conformitĂ© avec ses obligations. Cette mise en demeure peut ĂŞtre assortie d’une astreinte d’un montant de 500 euros maximum par jour de retard, dont le produit revient Ă la collectivitĂ© compĂ©tente. Le Conseil d’Etat considère que cette disposition permet d’imposer, si la mise en conformitĂ© l’exige, les dĂ©molitions nĂ©cessaires Ă la rĂ©gularisation (CE, 23 dĂ©cembre 2022, n° 463331).
En outre, lorsque les constructions irrĂ©gulières prĂ©sentent un risque certain de sĂ©curitĂ© ou de santĂ©, le maire peut les mettre en conformitĂ© d’office, aux frais de la personne responsable des infractions, voire procĂ©der Ă leur dĂ©molition. Les communes pour lesquelles la mise en oeuvre de ces dispositions peut sembler complexe peuvent s’appuyer sur une dĂ©marche intercommunale, qui peut offrir une compĂ©tence technique mutualisĂ©e.
Les services dĂ©concentrĂ©s de l’Etat, en particulier les services prĂ©fectoraux des directions dĂ©partementales des territoires, peuvent aussi assister les communes et leurs groupements dans la mise en oeuvre de ces nouveaux outils. Certains ont d’ailleurs Ă©laborĂ©, en lien avec les acteurs locaux, plusieurs guides pratiques prĂ©sentant ces moyens d’action, ou encore des solutions numĂ©riques visant Ă lutter plus efficacement contre les implantations irrĂ©gulières.
Plus rĂ©cemment la prĂ©fecture de l’HĂ©rault a mis en place avec ces services un outil numĂ©rique dĂ©nommĂ© « Aigle ». C’est un outil de dĂ©tection automatique de parcelles, qui fonctionne grâce Ă de l’intelligence artificielle appliquĂ©e Ă des images aĂ©riennes. Il repère des constructions en dur (maison, chalet, mazet, etc.), des mobils-home, des caravanes, des piscines, des bateaux. Muni d’une interface cartographique, il est pleinement intĂ©grĂ© dans le process de lutte contre « la cabanisation » et peut ĂŞtre utilisĂ© sur le terrain sur tablette.
Aigle permet aux collectivitĂ©s et aux services de l’Etat de :
- connaĂ®tre l’ampleur du problème sur l’ensemble d’un territoire, et suivre son Ă©volution dans le temps, grâce Ă la dĂ©tection automatique des parcelles dĂ©tournĂ©es.
- cibler et prioriser les contrĂ´les en croisant les dĂ©tections avec des et des zones Ă enjeux (zones inondables, zones Ă risque d’incendie, zone naturelle remarquable, pĂ©rimètre de captage d’eau potable, etc.).
- envoyer des courriers aux contrevenants afin de rĂ©gler le problème le plus en amont possible, grâce Ă l’impression de fiches de dĂ©tection.
- suivre le travail sur le terrain, grâce Ă un système de statut de contrĂ´le/verbalisation/astreintes administratives…
La lettre d’information « Urba-info » publiĂ©e en janvier 2023 par la direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages comporte Ă©galement un dossier dĂ©taillant les rĂ©ponses aux questions les plus frĂ©quemment posĂ©es en matière de lutte contre les constructions illĂ©gales, auxquelles les communes et intercommunalitĂ©s peuvent utilement se rĂ©fĂ©rer.
Enfin, la proposition de loi du groupe LIOT, déposée par le député Harold Huwart, prévoit notamment de renforcer les outils dédiés à lutte contre la cabanisation. Le gouvernement sera ouvert à approfondir les débats lors de son passage prochain au Sénat.
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