Depuis dix ans, une avalanche de lois s’est abattue sur les collectivités locales. Et pourtant, l’action publique est en crise. Le plus frappant ? À aucun moment les Français n’ont été consultés sur les réformes qui les concernent directement : fusion des régions, intercommunalités géantes, suppression de services publics, périmètre d’intervention de l’État… Tout cela s’est décidé en haut, sans eux.
La technocratie parisienne impose un modèle unique : profusion de contrats types, appels à projets standardisés, dispositifs hors-sol. Mais le peuple est-il d’accord ? Les élus locaux ont-ils signé pour devenir les simples sous-traitants des ministères, contraints d’assumer sur le terrain les conséquences d’un système qu’ils ne pilotent plus ? Évidemment non.
Nous sommes à un tournant. Un vrai choix de société se présente à nous.
Deux chemins s’offrent désormais :
- Poursuivre le pilotage centralisé, vertical, autoritaire, qui transforme les territoires en unités concurrentes, sous perfusion de décisions venues d’en haut sans tenir compte des spécificités territoriales ;
- Ou redonner souffle à l’action publique locale, en recentrant l’État sur ses missions régaliennes et en confiant le reste aux collectivités locales. Pas par idéologie, mais selon quatre principes concrets et puissants : subsidiarité, autonomie, solidarité et recherche du consensus.
Contre un « réflexe jacobin »
Mais avant toute réforme technique, il faut s’interroger sur le sens même de l’action publique. Pour répondre aux défis économiques, écologiques, démographiques et démocratiques, les Français doivent pouvoir s’exprimer sur l’organisation de leurs institutions. Ils ne peuvent plus rester spectateurs.
Comment ? En leur proposant un projet clair, un horizon collectif. Deux milliards d’êtres humains vivent aujourd’hui dans des États fédéraux. En France, ces idées restent trop souvent balayées d’un revers de main. Pourquoi ? Par réflexe jacobin, par peur du changement, par méfiance envers les territoires. Oui, Napoléon puis de Gaulle ont choisi la centralisation. Elle avait sa logique à leur époque. Mais le monde a changé. Ce n’est pas trahir la République que de vouloir moderniser son fonctionnement. Ce n’est pas être séparatiste que de vouloir responsabiliser les acteurs locaux. Ce n’est pas une dérive, c’est une respiration. La gestion de la crise Covid l’a révélé crûment : l’hypercentralisation a montré ses limites.
Pour bâtir un modèle plus réactif, mieux adapté aux spécificités et privilégiant moins l’entre-soi, je propose de structurer une action publique locale fédéralisée autour du triptyque Département – Intercommunalités – Communes. Pas pour diviser, mais pour ancrer l’action au plus proche des besoins. Pour libérer les énergies. Pour enrayer la défiance démocratique. Car non, les citoyens ne sont pas les ennemis de l’État. Ils en sont la raison d’être. Le débat démocratique doit s’ouvrir à leur portée. Avec eux, pas sans eux.
Assez des débats de forme. Assez des réformes technocratiques imposées. Laissons les territoires respirer. Écoutons les forces vives. Et surtout, souvenons-nous : « Les institutions sont faites pour les hommes, et non les hommes pour les institutions. » – Propolis. Seul l’élargissement du débat avec les citoyens pourra sauver nos territoires.
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