Guerre des gangs à Rennes, règlements de compte à Nîmes, assassinat ciblé à Valence… Pas une semaine ne s’écoule sans que le narcotrafic et la violence aveugle qui l’accompagne ne fassent couler le sang. Pire, ce fléau criminel ne se limite plus à l’Ile-de-France ou à Marseille, mais gagne désormais les villes moyennes et les communes rurales. Partout, le trafic de cocaïne, de MDMA ou d’ecstasy explose.
Changement d’échelle
Si la demande n’a jamais été aussi élevée – plus d’un million de consommateurs de produits chimiques en 2023 –, l’offre, portée par de véritables multinationales de l’ombre, a littéralement changé d’échelle. Tenu par des caïds aguerris aux nouvelles technologies et une armée de petites mains, revendeurs, « chouffeurs » ou mules, qui empochent chaque jour jusqu’à des milliers d’euros, le business est devenu tentaculaire et n’a jamais pesé aussi lourd. Selon les données de l’Office antistupéfiants, le marché de la drogue emploierait 240 000 personnes. Soit l’équivalent du personnel de la SNCF ou des effectifs réunis des policiers et des gendarmes. Quant au chiffre d’affaires du narcotrafic, il est estimé entre 4 et 5 milliards d’euros par an. Un montant colossal qui nourrit la corruption, y compris celle des élus, et excite les rivalités meurtrières.
« Mexicanisation » du pays
« On est face à un point de bascule », avertit le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui brandit la menace d’une « mexicanisation » du pays. Sur le terrain, les élus se disent submergés et démunis. Certains, comme le maire (PS) de Montpellier, Michaël Delafosse, prennent les devants et réclament d’autres leviers pour lutter contre la multiplication des commerces suspectés de blanchir l’argent de la poudre. Dans ce contexte alarmant, les attentes autour du plan gouvernemental et de la proposition de loi « narcotrafic » soumise au Parlement sont énormes. Et la quasi-unanimité de la classe politique s’accorde à créer un parquet national dédié ou à faciliter le recours aux « repentis ».
Mais les maires le savent : la bataille s’annonce difficile. Elle exige une mobilisation transpartisane, des moyens massifs, et doit s’inscrire sur un temps long. Des conditions indispensables pour remporter « la mère des batailles » et ramener la paix dans nos quartiers et dans nos villes.
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