« Mensonge d’Etat » : l’expression signée André Laignel fait mouche. Elle ne porte pourtant pas sur l’affaire Ben Barka ou sur le torpillage du « Rainbow Warrior », mais sur le bien plus austère projet de loi de finances pour 2025.
Le numéro 2 socialiste de l’AMF accuse le gouvernement Barnier d’avoir délibérément masqué aux édiles l’ampleur de la douloureuse : plus de 11 milliards de ponctions aux collectivités, au lieu des 5 affichés lors du comité des finances locales du 8 octobre.
Si le montant avancé par le premier magistrat d’Issoudun (Indre) peut naturellement donner lieu à débat, une chose est sûre : dans ce budget, tel que concocté avant son passage devant le Parlement, la frange dure de Bercy, la plus hostile à des élus dépeints en affreux dépensiers, a eu les mains libres.
Etat profond
En l’absence de véritable gouvernement jusqu’à l’automne, l’Etat profond s’en est donné à cœur joie. Il a ressorti de ses cartons « le musée des horreurs », comme le surnomment eux-mêmes des ministres qui se sont succédé au portefeuille de l’Economie.
En bonne place : la réduction drastique du fonds de compensation de la TVA réclamée par l’inspection générale des finances.
Egalement au menu ? Trois jours de carence dans la fonction publique, notamment territoriale. Rien ne manque à l’appel dans cet arsenal.
Le gel des recettes de TVA, jugées un peu trop dynamiques au goût des « petits hommes gris de Bercy », comme les appelle le président de l’AMF, David Lisnard (LR), figure bel et bien à la carte.
Vieilles marottes
A aucun moment, faute de temps et sans doute de volonté, le nouveau gouvernement n’a procédé à un arbitrage des mesures qu’il a trouvées sur son bureau à son arrivée.
A l’image de la baisse des aides personnalisées au logement, autre vieille marotte de Bercy qu’Emmanuel Macron avait faite sienne aussitôt après son sacre élyséen de 2017, ces dispositions sont pourtant une bombe politique.
L’exécutif serait bien inspiré de la désamorcer lors du congrès des maires des 19, 20 et 21 novembre. Faute de quoi, comme le dit David Lisnard, les écharpes tricolores risquent fort de se transformer en « gilets jaunes ».
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