Dans ma vie d’élu et ma vie d’actif, je côtoie des maires et des chefs d’entreprises. Les deux sont des entrepreneurs ! Et c’est à partir de ce constat partagé avec le Professeur Olivier Torres qui mène des recherches pour l’Observatoire AMAROK et le LABEX Entreprendre de l’Université de Montpellier sur la santé des dirigeants, que lui est venue l’idée de mener une étude sur les maires comme il le faisait jusque-là sur les chefs d’entreprises.
70 % des maires épanouis
Le résultat produit est majeur et inédit. Ces citoyens aux trois vies : personnelle, professionnelle et publique, vivent des séquences, des évènements, positifs et négatifs. L’intérêt de cette recherche est multiple. A quelques mois des échéances municipales, elle doit déclencher des choix politiques majeurs. 70 % des maires sont épanouis et vivent bien leur mandat malgré les temps plus compliqués. C’est une bonne nouvelle et pour certains surprenant dans un flot entretenu tant par le souci d’affaiblir le mandat de maire pour les uns, tant pour d’autres, comme les médias, préfèrent cultiver le verre à moitié vide.
La recherche décrit des dimensions concrètes et mesurables qui serviront à la définition d’un baromètre. Les outils (les stresseurs et les satisfacteurs) sont robustes et documentés autour des enjeux identifiés auprès d’un panel inédit d’élus en 2024. C’est du vécu dans chaque petite République que compte notre pays.
L’autre motif de satisfaction est de pouvoir définir des outils, faire du curatif, pour accompagner celles et ceux les plus en détresse ; l’étude en dénombre 3.5 % au bord du burn out, frôlant le gouffre sans que notre vie politique fasse autre chose que s’en émouvoir poliment.
Pourtant, notre République se le doit à elle-même et à ses serviteurs. Les Maires ruraux de France y voient une opportunité pour garantir le bon déroulement des mandats, leur fin aussi, pour accompagner les ruptures voulues (fin de mandat) ou subies (défaites, abandon, …).
La nécessité d’un statut de l’élu
En 2026, la France va devoir donner envie à ses concitoyens de s’engager, de partir ou poursuivre une partie de sa vie au service des autres dans le cadre communal. 520 000 élus dont une large partie seront remplacés, chez les maires mais surtout chez les conseillers municipaux. C’est un exercice exceptionnel qui se reproduit tous les 6 ans qu’il faut préparer, protéger et encourager.
C’est une des conclusions que nous faisons à l’AMRF pour avoir une approche curative quand elle est nécessaire pour les plus vulnérables et préventive en anticipant 2026. Il est nécessaire de créer les outils et services nouveaux dans une vie publique de plus en plus complexe et violente. Notre responsabilité collective impose au futur gouvernement Barnier et à l’Etat de s’y pencher très vite pour prendre toute sa part dans cette capacité à stimuler l’engagement et protéger les élus, par-delà la création nécessaire d’un statut, des conditions d’entrée dans le mandat, durant le mandat et pour la fin. Après une pause forcée, le Parlement freiné dans son élan doit désormais accélérer. Le calendrier est serré. La séquence politique nationale est suffisamment préoccupante pour faire de la consolidation du modèle communal une issue de sortie au service de nos concitoyens.
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