L’interminable feuilleton déclenché par la dissolution et les élections législatives perdues par la majorité présidentielle, pour nommer un Premier ministre et son gouvernement, est donc – provisoirement – terminé.
Les longues semaines de réflexion et consultations du Président ont accouché non pas d’une souris, mais de Michel Barnier.
Les réseaux d’acteurs locaux ont accueilli plutôt favorablement l’arrivée à Matignon de l’un des plus anciens élus en exercice, sa pratique des différents mandats valant gage d’expérience et de crédibilité. En tout cas, de capacité de compréhension des réalités locales et de la nature décentralisée de la République.
Déficit public
La lune de miel risque cependant d’être courte. Car Michel Barnier arrive au moment où Bruno Le Maire, quittant Bercy après sept ans de règne sans partage sur les finances publiques, a mis le feu au débat public, accusant les collectivités de lourdes dérives dans leurs dépenses. Sous-entendant qu’elles seraient la cause d’une aggravation imprévisible du déficit public qui plongerait à 5,6 % du PIB, contre 5,1 % promis par le gouvernement aux autorités de Bruxelles en avril.
Depuis, les collectivités n’ont de cesse de protester contre la manœuvre, accusant Bercy, sinon de mensonge, au moins de malhonnêteté intellectuelle. Elles font valoir que l’augmentation de leurs dépenses, de fonctionnement comme d’investissement, était en partie prévisible puisque résultant, pour une bonne part, de décisions prises par l’Etat. Et que les 16 milliards de dérapage supplémentaires pour fin 2024 sont plus que sujets à caution.
Comme depuis sept ans et l’arrivée d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, la discussion budgétaire entre l’Etat et les collectivités débute sur de mauvaises bases et une incompréhension mutuelle. Michel Barnier saura-t-il créer le dialogue qu’il appelle de ses vœux ? La nomination de Jérôme Fournel, jusque-là directeur de cabinet de Bruno Le Maire, au même poste aux côtés du Premier ministre est un indice.
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