Châteaudun, Lesparre-Médoc, Château-Chinon, Jonzac, Barcelonnette, La Flèche… : elles sont 235 villes au statut de sous-préfecture, pôles de centralité sur leur territoire, qui ont vu les services publics se dissoudre au gré des réformes de l’Etat. Symboles de la fracture territoriale, elles ont assisté, élections après élections, à la montée du vote Rassemblement national (RN). C’est d’ailleurs l’une des raisons qui a mené des élus de ces communes, conduits par Fabien Verdier, le dynamique maire de Châteaudun, agrégé d’économie passé par les cabinets ministériels, à créer, fin 2022, le Mouvement pour le développement des villes sous-préfectures. Car ces élus de communes « miroirs » de la France, dans lesquelles le mouvement des « gilets jaunes » a été particulièrement actif, ont senti monter, depuis des années, le mécontentement des habitants face aux maternités et hôpitaux qui ferment, aux lignes de train coupées, aux postes closes…
Et si, depuis 2017, les gouvernements successifs ont tenté d’agir sous l’angle de la cohésion des territoires, par le biais des programmes portés par l’agence du même nom, comme Action cœur de ville ou les maisons France Services, ce n’est pas seulement à de la réparation qu’appellent Fabien Verdier et ses collègues, mais à un réel développement pour les villes sous-préfectures, éléments essentiels du maillage territorial, avec des projets structurants. Les résultats des élections européennes tendent, en tout cas, à montrer qu’ils avaient raison de tirer la sonnette d’alarme…
Le Mouvement pour le développement des villes sous-préfectures a été créé fin 2022, notamment pour éviter la montée du RN aux prochaines municipales. Quels signaux vous alertaient alors ?
Nous sentons monter, depuis des années, le ras-le-bol de nos concitoyens. Nous avons rencontré des ministres, des parlementaires, sans être vraiment entendus. Depuis trente ans, les villes sous-préfectures ont subi une désaffection tant des pouvoirs publics que du secteur privé. La désindustrialisation les a laissées exsangues, la révision générale des politiques publiques, ou RGPP, puis la réorganisation de l’Etat ont vidé nos services publics.
Les fermetures d’hôpitaux, de casernes militaires, etc., ont aussi entraîné le départ de cadres et de leur famille de nos villes, avec un impact sur toute la vie sociale de nos communes. La métropolisation a encore contribué à dévitaliser nos territoires, en aspirant les emplois.
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