Notre démocratie est malade. Le taux de participation au dernier scrutin électoral plafonne à 51,4 %. Alors que la moitié des citoyens désertent les isoloirs, d’autres réclament une forme de participation différente, plus directe. Pourtant, les mêmes boycottent les démarches de démocratie participative mises en place par un nombre croissant de collectivités. Les acteurs publics sont-ils face à un mur et ne savent-ils plus comment fédérer les citoyens autour de la chose publique ?
Angélique Chassy, enseignante-chercheuse en sciences économiques à l’EM Normandie, a toujours été passionnée par les questions de la place du citoyen dans les politiques publiques. Le thème central de ses recherches est la jonction de l’économie publique à la participation de la société civile. Elue locale durant quelques années dans une petite ville normande, l’enseignante-chercheuse a également travaillé sur les politiques éducatives territorialisées, où elle a pu être confrontée aux difficultés de mobilisation des habitants des quartiers estampillés « politique de la ville ».
De ses expériences professionnelle et politique, Angélique Chassy retient une leçon : « Associer les citoyens à la décision publique n’est pas un long fleuve tranquille. » Depuis, différents écrits universitaires lui ont permis de développer des pistes de réflexion pour que les citoyens deviennent acteurs d’un renouveau démocratique. Evaluation citoyenne de la décision publique, conseil permanent d’habitants ou inscription dans la Constitution d’un droit à participer sont les propositions de cette femme convaincue de la démocratie pour tous, et avec tous.
Pourquoi portez-vous un regard très critique sur la manière dont est mise en œuvre la participation citoyenne ?
La participation citoyenne est vue comme le remède à tous les maux dans un contexte de crise démocratique, de représentativité et d’abstention. Pourtant, beaucoup de conseils citoyens sont en sommeil : par exemple, au 1er janvier 2023, l’Agence nationale des collectivités territoriales dénombre que, sur 1 034 conseils de citoyens « quartier politique de la ville », 17 % sont en veille et 26 % ne se sont réunis qu’une seule fois. De plus, certaines instances de démocratie participative demeurent des effets d’annonce. Les décideurs politiques cherchent tout simplement à faire le « buzz » et n’inscrivent pas durablement ces démarches dans le temps.
On constate une mauvaise utilisation, voire une instrumentalisation, de la démocratie participative par les décideurs.
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