Remis dix jours avant le scrutin européen, le travail de l’ancien ministre du Budget n’a pas résisté à l’oukase présidentiel. Sitôt entré en campagne, le 12 juin, le président de la République l’a envoyé valser.
Hors de question de s’en tenir à une clarification des compétences entre échelons sans supprimer d’échelon. Emmanuel Macron a beau avoir passé sept ans à l’Elysée, il a des envies de grand soir.
Redécoupage des régions
Si, hypothèse absolument pas certaine à ce stade, les Français lui donnent une majorité, il compte bien s’attaquer au millefeuille territorial et « supprimer un niveau ». Mieux, il entend, à rebours toujours du rapport « Woerth », « rouvrir la question de ces grandes régions ».
De nouvelles entités pourtant mises en place en 2014-2015, à l’époque où il était secrétaire général adjoint de l’Elysée, puis ministre de François Hollande…
Mais les régions ont « éloigné la décision » de la population, juge désormais Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat veut frapper fort. Les deux mois de concertation avec les associations d’élus, qu’il avait promis au lendemain de la remise du rapport d’Eric Woerth, sont passés par pertes et profits. Emmanuel Macron n’a plus le temps. Il va directement aux conclusions.
Corps intermédiaires à la trappe
Les élus locaux, dans le schéma présidentiel, peuvent être utiles pour le remettre en selle, comme lors du grand débat avec les maires au lendemain de la poussée de fièvre des « gilets jaunes ». Mais ils ne sont pas là pour prendre part à la décision.
Les corps intermédiaires ont encore moins leur place dans une dissolution. C’est la relation directe entre le Président et le peuple qui est en jeu. Dans cette phase gaullo-bonapartiste, les pouvoirs locaux sont traités comme quantité négligeable.
Une période qui pourrait bien se prolonger si le RN, peu réputé pour sa philosophie girondine, l’emportait.
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