L’école dehors porte ses fruits grâce à l’intervention d’animateurs «nature»

[Mulhouse, collectivité européenne d’Alsace, 110 400 hab.] « Pendant la crise sanitaire, les enfants se sont retrouvés enfermés, avec l’ordinateur pour seul compagnon », constate Chantal­ ­Risser, adjointe à la maire de Mulhouse, chargée de l’éducation. Or dans cette ville où 80 % des écoles élémentaires sont classées en réseau d’éducation prioritaire renforcé, l’enjeu éducatif est de taille. Sensible aux études prouvant les bienfaits d’un apprentissage au contact de la nature, la ville se laisse convaincre par le Moulin­ nature, association spécialiste de l’éducation à la nature et à l’environnement.

Cette dernière a l’habitude de travailler avec les enfants des quartiers populaires de Mulhouse. « Pour certains enfants en difficulté, être enfermé toute la journée dans une classe est peu stimulant, confirme Véronique Mateus, sa directrice. Nous avons donc élaboré un déroulé pédagogique idéal de quatorze journées par an de classe dehors, soit une journée entière toutes les deux semaines, avec un animateur “nature” en plus de l’enseignant », indique-t-elle. Friands d’innovation, les élus acceptent de financer ce projet destiné aux élèves du CP au CM2, avec l’accord de l’Education nationale.

14 jours de cours dehors

Un premier test est effectué avec une classe, puis deux l’année suivante. En 2021-2022, un appel à projets est lancé. Douze classes bénéficient alors de quatorze jours de cours dehors, puis quinze classes l’année d’après. En 2023-2024, 19 en profitent. Beaucoup d’enseignants postulent, malgré les trois matinées qu’ils doivent prendre sur leur temps personnel pour un partage de pratiques avec les animateurs de l’association. « L’an dernier, nous avons reçu 63 candidatures pour quinze accompagnements ­possibles », se réjouit la directrice.

Il faut dire que les bienfaits sont incontestables. « Les enseignants notent une remobilisation des élèves et une appétence nouvelle pour l’école. Le langage, le vocabulaire, la capacité d’expression s’améliorent chez ceux en difficulté car, dehors, les échanges sont ­permanents », détaille Fabio Bortolin, directeur pédagogique du Moulin nature (lire ci-dessous).