« Il existe un lien important entre les publics de l’ASE et les questions de prostitution. Une partie des enfants ont été placés parce qu’ils ont subi des violences sexuelles. Or, selon les statistiques, ces victimes ont huit fois plus de risques de s’exposer de nouveau au danger que la population générale », indique Sophie Haristouy, directrice générale adjointe chargée du développement social et des solidarités au conseil départemental de Maine-et-Loire.
L’enquête qualitative menée par l’ODPE du Nord, en septembre 2020, révèle également cette corrélation. « Environ 42 % des 150 répondants en parcours de prostitution ont vécu des violences physiques, sexuelles ou des négligences graves durant leur enfance. Et 69 % avaient des parcours dans l’ASE », affirme son directeur, Grégory Dubois.
Revictimisation à l’âge adulte
Les psychotraumatismes de l’enfance génèrent des risques de revictimisation à l’âge adulte. Cette vulnérabilité est bien connue des réseaux prostitutionnels qui, selon l’expression des acteurs, « rôdent autour des foyers », parfois même dans « les halls d’hôtel où les jeunes sont mis à l’abri ».
A Lille, en 2005, le service « Entr’actes » de l’association Itinéraires, qui intervient auprès des travailleurs du sexe, s’aperçoit que, parmi eux, certains semblent mineurs. « A l’époque, la prostitution des enfants était considérée comme un phénomène marginal par les pouvoirs publics. Il nous a fallu objectiver notre impression. Tout en respectant l’anonymat, nous avons demandé aux personnes de révéler leur âge », relate le directeur du service, Vincent Dubaele. En deux ans, « Entr’actes » dénombre 80 mineurs et décide de créer un service dédié, « Entr’actes en mode mineur ». A partir de 2010, celui-ci est soutenu financièrement par l’Etat et le département.
Dans le Maine-et-Loire, l’histoire est tout autre. Le département a vécu les débuts des années 2000 dans l’ambiance nauséeuse de l’affaire
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