Après un best-seller avec le traqueur de tendances Jean-Laurent Cassely (1), Jérôme Fourquet revient à ses premières amours, la géographie électorale. Dans « La France d’après. Tableau politique » (Seuil, octobre 2023), le Sarthois confronte ses analyses à la grande œuvre de son maître, André Siegfried, « Le Tableau politique de la France de l’Ouest » (Armand Colin, 1913). D’où il ressort que les vieux repères ont volé en éclats.
Largement acquis aux vertus de la décentralisation, les territoires qui correspondent à la zone de diffusion du quotidien « Ouest-France » se sont convertis à un nouveau venu dont l’exercice du pouvoir s’est révélé fort jacobin…
« Ces électeurs préfèrent retenir, avant tout, l’ADN européen d’Emmanuel Macron, explique Jérôme Fourquet. Plus globalement, les régions les plus girondines ont toujours été les plus allantes lors des référendums sur Maastricht en 1992 et en 2005. Elles jouent la carte de l’Europe des régions et sont moins attachées au cadre national centré sur Paris. »
A contrario, les chevilles ouvrières du colbertisme industriel sont passées avec armes et bagages chez Marine Le Pen. Les villes qui accueillent des centrales nucléaires, comme Flamanville (Manche), plébiscitent le RN. « Il s’agit de communes loin des métropoles. Il fallait en effet limiter les risques. Ces centrales emploient par ailleurs beaucoup d’ouvriers. On est donc au cœur de l’électorat du RN. Ajoutons que ce parti s’est positionné comme le défenseur de la filière nucléaire face aux décisions de François Hollande et d’Emmanuel Macron dans les premières années de son mandat. Marine Le Pen avait par exemple tenu un meeting à Fessenheim en 2019 », rappelle Jérôme Fourquet, au moment de lever un voile sur son volumineux essai.
Dans « La France d’après », vous parlez de la « fin des fiefs ». Mais comment expliquez-vous, alors, la relative stabilité du personnel politique local ?
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