« Intelligence collective », « démocratie heureuse », « coconstruction »… Ces mots résonnent dans les allées des rencontres européennes de la participation qui, pour leur septième édition, se sont installées à Rouen.
Avec pour thème général « la participation au cœur des défis des territoires », l’édition 2023 a mis au centre de ses débats les pratiques de mobilisation des citoyens pour que la démocratie participative ne soit pas qu’un concept théorique. « On ne sait plus quoi inventer pour aller chercher les citoyens et les faire participer à nos ateliers de concertation », regrette une participante agente au sein d’un service de démocratie participative lors de la plénière d’ouverture des rencontres, mardi 27 juin.
Cette plénière, qui se voulait cette année coconstruite avec les participants, a soulevé dès les premières minutes des pistes de réflexion afin d’en finir avec la politique de la chaise vide pratiquée aussi au sein des dispositifs de concertation citoyenne.
Même barème que les jurés d’assises
Parmi les leviers de mobilisation citoyenne qui posent question aux acteurs de la démocratie participative, émerge depuis quelques années la question de la rétribution des citoyens. Souvent associée à l’idée d’adopter un statut du citoyen participant, l’indemnisation, voire la rémunération de ce dernier n’est plus considérée comme un tabou qui consisterait à assimiler participation et marchandisation de la citoyenneté.
Dans cette mouvance, Décider ensemble avait consacré, mardi 27 juin, un atelier à Rouen au sujet réunissant notamment Laurène Streiff, directrice « participation et engagement citoyen » à la région Occitanie, Stéphane Lenfant, directeur « participation citoyenne » à la ville et à la métropole de Rennes, tous deux invités pour faire part de leur expérience.
Ainsi, à Rennes, le choix de rémunérer les citoyens participants à la convention citoyenne s’est fait « naturellement après plusieurs années où il était plus question de rétribution symbolique, à l’image des places offertes pour aller voir des matchs pour les participants aux conseils de quartier », raconte Stéphane Lenfant. Une décision de la métropole en date du 10 mars 2022 a même été prise en ce sens, afin d’acter « le principe d’indemnisation des participants à la convention citoyenne métropolitaine et aux jurys citoyens métropolitains, à compter du 1er janvier 2022 ». Le barème est tout trouvé, il sera celui des jurés d’assises, « soit 90,56 euros pour une intervention journalière de 8 heures, soit un 11,32 euros de l’heure », peut-on lire dans la décision métropolitaine.
Du côté de la convention citoyenne pour l’Occitanie, qui s’est tenue lors de deux sessions de trois journées au mois de septembre 2020, puis sur une journée de conclusion début octobre, celle-ci a réuni 109 habitants tous indemnisés. Selon Laurène Streiff, « les élus ont été tout de suite favorables à cette indemnisation car ils y ont vu un levier pour motiver notamment les personnes en situation de précarité mais aussi les étudiants, les agriculteurs, à participer à la convention citoyenne ». Pour preuve, le même barème que celui de Rennes a permis de ne « perdre » que trois participants durant les sessions. Des chiffres à faire pâlir plus d’un organisateur de concertation citoyenne !
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