C’est un pur professionnel des politiques locales qui prend les commandes, ce 14 septembre, de Villes de France. Titulaire d’une maîtrise en management territorial, le maire de Châteauroux, Gil Avérous, débute dans la carrière comme directeur général des services d’une petite communauté de communes de l’Indre et chargé de mission dans un syndicat intercommunal d’aménagement. DGS de la ville de Saint-Maur (toujours dans l’Indre), il dirige ensuite le cabinet du maire de la ville de Châteauroux. Cité dont il s’empare à l’occasion des municipales de 2014.
Aux manettes de la commune, il cherche à attirer des investisseurs chinois sur l’ancienne base aérienne de l’OTAN. A défaut de parvenir totalement à ses fins sur ce dossier, sa ville décroche les épreuves de tir aux Jeux olympiques de 2024.
« A mon arrivée, Châteauroux était souvent confondue avec Châtellerault. Elle avait l’image d’une ville provinciale, ouvrière », confie Gil Avérous à « La Gazette ». Pour redorer le blason de la commune de Michel Denisot et Gérard Depardieu, Gil Avérous rénove la vieille ville et multiplie les évènements sportifs.
Un pari gagnant. Châteauroux voit son nombre de nuitées bondir de 200 000 à 300 000 en 2018 et se hisse parmi les villes qui comptent le plus d’abonnés sur Facebook et Twitter.
Macron-compatible
Gil Avérous règne sans partage sur la cité castelroussine : le maire est reconduit au premier tour des municipales de 2020 par plus de 70 % de ses administrés. Il siège aussi au conseil départemental de l’Indre, en tant que vice-président.
L’attaché territorial Avérous s’investit également dans les instances liées à la fonction publique territoriale. L’ancien DGS figure parmi les rares maires spécialistes de la protection sociale complémentaire.
Membre du comité directeur de l’Association des maires de France, il affiche sa bonne entente avec le numéro 2 de l’AMF, son voisin PS d’Issoudun André Laignel.
Proche de Nicolas Sarkozy, qui est venu lui remettre la légion d’honneur en 2021, l’édile LR se rapproche d’Emmanuel Macron ces derniers mois. Après avoir, sans enthousiasme excessif, soutenu Valérie Pécresse au premier tour, l’ancien patron du Comité des maires LR appelle à voter Emmanuel Macron au second.
Dans une tribune publiée dans le « JDD » avec notamment le dir’com de l’ancien chef de l’Etat, le maire de La Baule, Franck Louvrier, Gil Avérous vante le bilan territorial du président sortant. Action cœur de ville, Petites Villes de demain, maisons France Services, new deal mobile… : autant de mesures qui, selon le premier magistrat de Châteauroux, ont permis de rompre avec « les années noires de François Hollande ».
Et Gil Avérous d’adresser un satisfecit particulier à l’Agenda rural promu par un autre de ses voisins, feu le président de l’Association des maires ruraux de France Vanik Berberian (sans étiquette), élu dans le village de Gargilesse-Dampierre.
Dauphin de Caroline Cayeux
Le sarkozyste n’hésite pas, à l’occasion, à prendre son électorat à rebrousse-poil. Aux côtés de deux collègues maires quadras, issus comme lui de la vague bleue de 2014, Arnaud Robinet à Reims et Boris Ravignon à Charleville-Mézières, il se prononce en faveur de la dépénalisation du cannabis. Le meilleur moyen d’« anéantir le trafic et de ruiner les trafiquants. »
Gil Avérous, qui ne fait pas mystère de son homosexualité, prend la défense de Caroline Cayeux en juillet. La ministre délégué aux Collectivités est alors attaquée par les associations LGBT pour des propos tenus sur Public Sénat sur les homosexuels, qu’elle appelle « ces gens-là ». « C’est une amie. Je la connais très bien depuis longtemps. Elle n’a rien d’homophobe », juge Gil Avérous dans la presse locale.
Par une pirouette du destin, le voilà qui succède aujourd’hui à Caroline Cayeux à la présidence de Villes de France. La ministre l’a préféré au maire Horizons de La Roche-sur-Yon, dixit « Le Figaro ». Un sarkozyste LR, plutôt qu’un proche d’Edouard Philippe. Ce choix a été remarqué.
Mais Gil Avérous n’en a cure. Nul doute que ce fonceur féru de réseaux sociaux imprimera sa marque Villes de France. Ce maire manager aime les défis. Sa devise est signée Pelé : « Plus difficile est la victoire, plus grande est la joie de gagner. »
La feuille de route du nouveau président
Gil Avérous le dit haut et fort. Il n’est pas là pour assurer l’intérim à Villes de France jusqu’au prochain congrès de 2023. Il se projette « dans la durée ». Parmi les dossiers en haut de sa pile, le collège de parlementaires amis qui portera la voix des villes moyennes à l’Assemblée et au Sénat. A la veille de la présentation du projet de loi de finances, il montre les dents. « Je redis mon opposition à la suppression de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises, martèle-t-il. La situation a beaucoup changé depuis cette annonce du président de la République ; il n’y aurait pas de déshonneur pour lui à y renoncer. »
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