« La diplomatie sera de mise », écrivions-nous dans notre éditorial du 23 août. Entre obligation vaccinale pour certains agents, fourniture d’un passe sanitaire pour d’autres et contrôle de ceux des usagers des services publics qui le requièrent, on pressentait que la vie des services des ressources humaines ne serait pas un long fleuve tranquille.
Grèves
On ne s’était pas trompé. Sans grand mérite : d’abord parce que les outils déployés par le gouvernement touchent plus à l’intimité de chaque individu que ne le fit l’obligation du port du masque. Ensuite, parce que demander aux agents de contrôler les usagers, c’est heurter, voire nier le principe même de l’accueil indifférencié et inconditionnel de tous les publics.
Sur ce motif, les bibliothécaires, dans plusieurs villes, ont déclenché des grèves, appelant à un mouvement national. Pour la profession, contrôler les passes sanitaires, et potentiellement refuser l’entrée à des lecteurs, des écoliers, est incompatible avec leur code de déontologie.
Contraintes
D’autres, pas seulement dans les équipements culturels, mettent en avant les risques de conflit avec les usagers éconduits. Et d’autres encore questionnent la cohérence des contraintes entre secteurs : comment justifier l’obligation du passe dans les bibliothèques quand on peut se rendre en librairie sans le fameux sésame ? Pourquoi ne pas utiliser des jauges, comme dans de nombreux établissements ? Autant de questions, légitimes, qui resteront sans doute sans réponse, mais qui fragilisent l’acceptabilité des mesures gouvernementales.
D’autant que, dans la France des 34 000 communes, les employeurs territoriaux n’interprètent pas tous la règle de la même manière (1). Comme à La Trinité (Alpes-Maritimes) où, au nom du « principe d’équité », l’équipe dirigeante souhaitait que tous les agents présentent un passe.
Or, ce sont ces incohérences, réelles ou perçues comme telles, et ces interprétations, plus ou moins audacieuses, qui fragilisent l’adhésion des professionnels aux mesures gouvernementales. Mais peut-il en être autrement quand, même entre ministères, on n’a pas la même compréhension de la loi.