Alors que les questions de mobilité ont suscité ces derniers mois une attention inégalée au sein de la société civile – la Convention citoyenne pour le climat a consacré un groupe de travail spécifique au thème « se déplacer » – il serait regrettable que la question des transports ne trouve pas sa juste place dans les débats préparatoires aux élections régionales et départementales des 20 et 27 juin prochain. Le transport est le seul secteur dont les émissions de gaz à effets de serre continuent de croitre : les décisions nécessaires à la préparation de la transition énergétique de notre système de transport appellent un débat courageux sur des propositions ambitieuses.
L’État a conservé ses prérogatives d’orientation et de régulation à l’issue du vaste mouvement de décentralisation entamé en 1982, mais régions et départements partagent désormais une mission souvent méconnue de nos concitoyens : assurer le bon fonctionnement du système de transport interurbain, en participant à la mise en œuvre des orientations nationales au plus près des besoins de services et d’aménagements.
Le transport, première dépense des régions, représente un quart de leurs budgets. Après le transfert aux régions des compétences transports scolaires et transports interurbains de voyageurs par car en 2015, les budgets consacrés par les départements aux transports sont restés significatifs (de l’ordre de 7,8% en moyenne, et de près d’un tiers de leurs investissements). Ils ont en effet conservé la gestion de près d’un tiers du réseau routier national, et de quelques infrastructures portuaires et aéroportuaires de niveau local.
Trois défis pour le prochain mandat régional
Les régions sont autorités organisatrices de la mobilité (AOM), et chefs de file de l’intermodalité. Elles organisent les services de transport collectif du quotidien, routiers et ferroviaires, hors agglomérations ; elles portent ou partagent la gestion d’infrastructures portuaires et aéroportuaires ; elles co-financent l’entretien, la modernisation et la réalisation d’infrastructures (routières, ferroviaires, fluviales, portuaires et aéroportuaires) aux côtés de l’Etat et des autres collectivités. Sans responsabilité directe en matière de fret et logistique, elles sont pourtant amenées à intégrer ces enjeux à leur politique : voyageurs et marchandises empruntent les mêmes infrastructures ; leurs responsabilités en matière de développement économique et de lutte contre le changement climatique (portées par le Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires – Sraddet) légitiment des dispositifs de régulation ambitieux et volontaristes coordonnés avec les acteurs économiques et les autres collectivités territoriales.
Trois défis s’imposent aux politiques de transport de demain : faciliter la reprise de l’activité après la covid et développer une stratégie de relance volontariste ; accompagner, valoriser et réguler les processus complexes de transformation numérique ; définir des objectifs de services de transport, des politiques d’aménagement et d’équité territoriale en soutenant les politiques économiques et industrielle nécessaires à la décarbonation des transports. Espérons que les candidats y accorderont une attention particulière et spécifique : la précision des objectifs, la robustesse des modalités de financement, et l’acceptabilité des mesures proposées seront un gage d’efficacité au service de l’intérêt général.
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