Ça n’aura donc duré qu’un temps. Quelques semaines à peine, durant lesquelles la gestion des mesures restrictives pour faire face à la crise sanitaire a été territorialisée. A Dunkerque, puis dans 19 départements, les Français n’étaient plus soumis au même régime juridique. Une évidence de différenciation de la règle qui s’imposait, tant la circulation du virus n’était pas homogène dans l’Hexagone. Une application de bon sens de la décentralisation pour laquelle les élus locaux avaient été consultés et écoutés. Mais, à l’approche du pic de la troisième vague, l’exécutif national a repris la main.
Réflexe jacobin
Fini de jouer à la différenciation, à la prise en compte des particularités locales : les règles sont à nouveau nationales et décidées par l’Etat-roi. Un réflexe jacobin qui permet de gagner en lisibilité (qui n’a pas critiqué le port du masque initialement obligatoire dans certaines rues uniquement ?) ce qu’il fait perdre en adaptabilité (comment faire accepter la fermeture des écoles dans des communes où le taux d’incidence est inférieur à 50 pour 100 000 habitants ?). Pire, l’instauration d’un calendrier scolaire unique pousse ce réflexe jacobin à une perte de discernement. Le chassé-croisé des vacanciers va laisser place à un engorgement des gares et péages autoroutiers, peu propice à la distanciation sociale.
Maigre consolation
Mais cette reprise en main de la gestion de la crise n’a rien d’étonnant : la décentralisation n’est pas à la mode ces derniers temps. Suppression de la taxe d’habitation, baisse des impôts de production, retour des contrats de Cahors… Les collectivités font face à une recentralisation de leurs ressources. L’unique territorialisation qui perdure est donc celle des effets différenciés que va induire cette recentralisation de la gestion de la crise. Lors de son allocution du 31 mars, Emmanuel Macron a mis en avant ces effets différenciés : curatifs pour les territoires déjà soumis aux règles restrictives les plus fortes et préventifs pour les autres. Une maigre consolation pour des élus qui pensaient enfin bénéficier d’une oreille attentive de l’Etat… à défaut de celle du chef de l’Etat.
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