Malgré une maturité de plus en plus grande des collectivités sur les questions de maîtrise de l’énergie, choisir les actions à mener et les modes de financements les plus judicieux reste difficile. Appuyer sur les bons leviers exige une forte implication politique et technique.
Ceux qui veulent aller à la chasse aux subventions se plantent, il faut désormais se débrouiller seuls en choisissant les options les plus judicieuses, souligne Philippe Tessier responsable du service énergie & environnement du syndicat intercommunal pour le gaz et l’électricité en Ile-de France (Sigeif) et animateur national du groupe de travail énergie de l’association des ingénieurs territoriaux de France (AITF).
Choisir les projets au meilleur coût du Mwh évité – Pour choisir les projets les plus intéressants en termes de maîtrise de l’énergie, les experts s’accordent à dire que les collectivités doivent, a minima, connaître leur coût du MWh et/ou de la tonne de CO2 évitée. L’isolation thermique revient à 10 €/ MWh évité, une chaudière performante, près du double et certaines énergies renouvelables jusqu’à 40 fois plus, illustre Philippe Tessier. Sur l’ensemble des trois leviers actionnables : sobriété, efficacité énergétique et énergies renouvelables, les deux premiers, baptisés par Philipe Tessier le « cinquième combustible » représentent le gisement le plus important et le moins cher d’accès.
Réallouer les fonds – Gérard Magnin, délégué général d’Energie-cités ajoute : les collectivités doivent construire une vision globale à long terme des projets. Cette vision permet de réallouer les fonds et de ne pas financer des projets antinomiques. L’argent est alors beaucoup plus facile à trouver.
Adopter un projet politique affiché – la ville vise depuis 2004 100 % énergie renouvelable en 2050 – permet d’avancer rapidement et de réunir tout le monde, ajoute Valérie Cerda, chef du service énergie de la ville de Genève.
La clef est de connaître et de se fixer un objectif clair sur plusieurs années. Cependant, cette première opération de prospective et de bilan exige déjà un investissement important (temps, compétences,…). C’est ce premier investissement, souvent négligé, qui permettra ensuite de faire les choix les plus judicieux et de trouver les ressources nécessaires.
Par ailleurs, certaines actions de sensibilisation, de modification des comportements ou de rationalisation des usages ne nécessitent qu’un investissement modéré et sont sources d’importantes économies d’énergie, ajoute Baudouin Ruyssen, DGAS finance et programmation de la ville de Besançon.
Des investissements attractifs – Au-delà de la sensibilisation, certains investissements techniques sont particulièrement attractifs. Ils offrent en effet une grande probabilité de récolter rapidement le fruit de l’investissement tout en assurant un niveau de confort et de sécurité équivalent, voire souvent supérieur.
Il s’agit notamment de la rénovation énergétique des bâtiments municipaux et logements sociaux, de la modernisation énergétique des systèmes d’éclairage public, ou de la modernisation des réseaux de chauffage urbain, devenus obsolètes.
Manque de compétences d’ingénierie financière – A l’opposé, certains investissements, comme les infrastructures de transport, ou des rénovations poussées demandent des investissements colossaux qu’il ne faut pas espérer compenser par des économies d’énergie. Alors comment financer ces indispensables investissements ?
La recherche de financement est un travail en lui-même. Les collectivités manquent encore de compétence dans ce domaine de l’ingénierie financière, pointe Gérard Magnin. Elles ont besoin de responsables énergie-climat de bon niveau aptes à appréhender, au-delà de l’aspect technique, la question sous toutes ses facettes, rappelle Philippe Tessier.
Ces spécialistes permettraient notamment de s’y retrouver dans l’éventail de solutions, plus ou moins intéressantes, disponibles : contrat de performance énergétique (CPE), certificat d’économie d’énergie (CEE), prêts bonifiés…
Cet article fait partie du Dossier
Des solutions pour financer les économies d'énergie
Sommaire du dossier
- L’essentiel – Economies d’énergie et collectivités : les enjeux
- Quelles solutions pour financer la maîtrise énergétique ?
- Valoriser financièrement ses actions en « vendant » des certificats d’économies réalisées
- CEE : la règle du jeu en deuxième période (début 2011 – fin 2013)
- Le dispositif des certificats d’économies d’énergie
- Grand prix 2012 des certificats blancs de la FNCCR : les lauréats
- Faciliter les investissements par des contrats de partenariat de type contrat de performance énergétique (CPE)
- Cas pratiques : les collectivités pionnières
- CEE : le Sigeif percevra une rémunération croissante d’EDF
- 4 collectivités primées au Grand prix 2011 des certificats d’économie d’énergie (CEE)
- Nicolas Garnier : « Affecter d’urgence une partie de la fiscalité énergétique aux collectivités »
- Des économies sous les projecteurs de Lille
- Ressources documentaires utiles