La pression monte pour imposer le port du masque dans l’espace public, que ce soit dans certains quartiers (Paris, Lille, Lyon, ..) ou dans l’intégralité de certaines communes (Toulouse, Nice, …). Si l’on comprend que cette obligation vise les piétons, qu’en est-il pour les cyclistes ? La polémique est en train de monter sur ce sujet, opposant les pouvoirs publics locaux – préfectures ou collectivités – aux associations de défense des droits des cyclistes.
Des choix différents d’un territoire à l’autre
C’est le cas par exemple dans le département du Nord, où le préfet a pris un arrêté le 31 juillet 2020 « rendant obligatoire le port du masque dans certains secteurs de communes appartenant à la métropole lilloise (zones piétonnes, zones de circulation routière limitée à 20km/h, certains espaces de stationnements, emprises et abords des infrastructures de mobilité et de transport…) », explique l’association Droit au vélo, mais « sans faire de distinction entre les modes de déplacement », regrette-t-elle dans un courrier au préfet, et semant ainsi le doute dans les esprits.
La même question s’est posée à Paris, où le port du masque a aussi été rendu obligatoire depuis le 10 août 2020 (pour une durée d’un mois), en visant « les personnes de 11 ans et plus, dans les zones où le respect de la distanciation est rendu difficile par la forte fréquentation, dans les marchés publics de plein air, les puces, les brocantes et les vide-greniers », indique la préfecture de police de Paris. Face aux mêmes questions qui se posaient concernant les usagers concernés, la préfecture et la mairie de Paris ont d’abord annoncé que les cyclistes étaient concernés, avant de changer leur fusil d’épaule. Dans un communiqué du 12 août, la préfecture a finalement décidé que seuls les piétons étaient concernés.
« Les usagers des modes de circulation douce tels que les vélos ou les trottinettes ne sont pas concernés par cette obligation, dans la mesure où, étant de passage, ils ne font pas courir de risque de contact dans les voies dans lesquelles ils circulent. Les voitures en circulation sont également exclues de l’application de l’arrêté préfectoral. Seuls les piétons doivent porter le masque, y compris s’ils font du sport », selon la préfecture de police de paris (communiqué du 12 août).
A Angers, c’est une situation légèrement différente qui a été observée : l’arrêté préfectoral a rendu le port obligatoire pour « les personnes de 11 ans et plus » dans le centre-ville, sans faire de mention spéciale des cyclistes. Mais sur son site internet, la préfecture a indiqué que l’obligation concernait aussi les cyclistes, « ce qui extrapole le texte officiel », se plaint l’association locale Place au vélo.
Enfin à Toulouse, la situation a été tranchée dès le départ. Alors que la ville s’apprête à imposer le port du masque à compter du vendredi 21 août sur tout son territoire, il est précisé dans l’arrêté que la mesure concernera tous les déplacements, « excepté en voiture ».
Un langage de raison plutôt que d’obligation
Interrogé sur le sujet, le président de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) Olivier Schneider estime « qu’il est dangereux d’obliger au port du masque partout » et qu’« il est préférable de s’appuyer sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui sont les plus raisonnables ». Explication : la pratique du vélo est rendue difficile par le port du masque, du fait du besoin d’une plus grande oxygénation (il entraine aussi une humidification du masque qui serait néfaste car elle augmente le développement bactérien). « La position de l’OMS est très claire : il ne faut pas porter de masque pendant des activités physiques », ajoute-t-il.
Cette obligation aurait aussi pour conséquence de freiner la pratique du vélo, alors que cette activité physique est source de bonne santé. La FUB estime en outre que cela viendrait gâcher la montée en puissance du vélo qui allie l’avantage de faire respecter la distanciation physique, d’améliorer la santé et la qualité de vie dans nos villes. « De plus, cela inciterait à reprendre les transports à commun (où la promiscuité favorise la contamination) ou la voiture (aggravation de sédentarité) », ajoute Olivier Schneider.
En guise de conseils, la FUB recommande aux cyclistes d’éviter les zones très denses et les rues bondées, où le risque de contamination est alors favorisé par le fait de rouler au pas (soit quasiment au rythme des piétons), alors qu’habituellement, la vitesse du cycliste lui permet d’éviter toute contamination. « D’après les informations sanitaires que nous avons pu recueillir, à l’air libre, le risque de contaminer ou d’être contaminé à vélo est négligeable », précise-t-il. « Imposer le masque est une ligne rouge à ne pas franchir, sauf sur des zones très limitées et surpeuplées », conclut-il.
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