En annonçant le 7 juin 2011 un programme de 65 logements provisoires pour des familles Roms, la commune de Saint-Denis tend la main aux services de l’Etat. Pour que cette opération, ayant pour objectif de faire passer 200 personnes de bidonvilles à des logements de droits communs puisse aboutir, la commune ne peut se passer de l’aide de la préfecture.
Sans régularisation des situations administratives et sans permis de travail, les démarches d’insertions sont vouées à l’échec.
Divergences avec la préfecture – Tout dépend donc du bon vouloir de Christian Lambert, préfet de Seine-Saint-Denis qui, ces derniers mois, a affiché son désaccord avec les communes solidaires de familles Roms en difficulté.
Il a récemment fait distribuer des obligations à quitter le territoire français (OQTF) a des membres de familles Roms accompagnées par la commune.
Cette action qui légalement et pratiquement a peu de chance de déboucher sur des reconduites à la frontière sans retours a néanmoins fragilisé les relations de confiance que la municipalité tente d’établir avec les familles associées à ce projet de logements provisoires.
Soutenus par des associations Rroms lors de la conférence de presse du 7 juin, les élus de Saint-Denis et de Plaine Commune envisagent de rencontrer dans les prochains jours, le préfet Lambert. Quel sera l’attitude du haut fonctionnaire ?
Il vient de bénéficier d’une loi promulguée en urgence le 31 mai, lui permettant de rester en poste pendant deux ans, bien qu’il ait atteint l’âge de la retraite. Il aura ainsi l’occasion de soutenir, ou de combattre, ce projet évalué à 4 millions d’euros qui doit se mettre en place d’ici à 2012. Il peut en effet légitimement refuser des dérogations aux mesures transitoires qui limitent l’accès à l’emploi de ressortissants Roumains, encourageant ainsi la pratique d’activités économiques marginales qu’il a le devoir de réprimer.
Un projet original, écologique, social et participatif – Engagé, suite à l’expulsion le 6 juillet 2010, de familles installées depuis 10 ans sur le site du Hanul, le projet murit par les intéressés, la commune de Saint-Denis et l’intercommunalité présente plusieurs aspects originaux.
Dans son principe, il se distingue des expériences des villages d’insertions déjà menées en Seine-Saint-Denis. L’accompagnement social privilégie les problématiques d’emploi et de formation, considérées comme étant les principaux freins à l’insertion.
Il s’agit de sortir d’une logique de campement précaire par la construction de logements en bois de 35 mètres carrés permettant des conditions de vie acceptables le temps nécessaire à l’insertion économique des familles. Ces constructions légères, à la conception desquelles les familles ont été associées, ne sont ni des mobiles-homes ni des caravanes, mais n’ont pas vocation à devenir permanentes.
La ville et la communauté de communes mettent chacune un terrain à disposition jusqu’en 2012 ; elles espèrent que l’Etat fera de même. A l’issue de l’opération, les chalets pourront être démontés et éventuellement réutilisés pour d’autres opérations d’insertion dédiées à d’autres publics en difficulté.
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