RĂ©ponse du ministère de la cohĂ©sion des territoires et des relations avec les collectivitĂ©s territoriales : La politique de l’hĂ©bergement a bĂ©nĂ©ficiĂ© ces dernières annĂ©es de dotations budgĂ©taires en augmentation croissante pour s’Ă©tablir Ă 1,86 Md€ en loi de finances pour l’annĂ©e 2019.
Ce budget finance notamment un parc d’hĂ©bergement gĂ©nĂ©raliste qui a augmentĂ© de façon significative pour atteindre plus de 147 000 places au 31 dĂ©cembre 2018 (enquĂŞte sur les capacitĂ©s d’accueil, d’hĂ©bergement et d’insertion rĂ©alisĂ©e par la direction gĂ©nĂ©rale de la cohĂ©sion sociale), soit une augmentation de 57 % depuis 2013.
Ă€ ces places s’ajoutent les places ouvertes durant la pĂ©riode hivernale et l’offre de logements adaptĂ©s financĂ©e sur le programme 177 : rĂ©sidences sociales gĂ©nĂ©ralistes, pensions de famille et intermĂ©diation locative.
Durant la pĂ©riode hivernale 2018-19, un renforcement du suivi concernant l’Ă©volution des demandes d’hĂ©bergement, au regard du nombre de places mobilisĂ©es et mobilisables a permis l’identification de territoires en tension et l’adaptation du dispositif de veille sociale lorsque cela Ă©tait nĂ©cessaire (intensification des maraudes, renforcement des Ă©quipes du 115, horaires d’ouverture Ă©largis des accueils de jour et haltes de nuit).
Près de 13 900 places hivernales et 2 900 « places grand froid » ont ainsi été ouvertes, dont 6 000 en Île-de-France.
Au total, l’effort de l’État en matière d’hĂ©bergement d’urgence a atteint un pic de mobilisation Ă 153 500 places.
En respect du principe de continuitĂ© de l’accueil, les services de l’État doivent s’assurer que les personnes bĂ©nĂ©ficiant d’une place ouverte temporairement durant la pĂ©riode hivernale ne soient pas remises Ă la rue sans autre solution d’hĂ©bergement ou de logement. Afin d’atteindre cet objectif, 6 000 des places ouvertes pendant l’hiver ont Ă©tĂ© pĂ©rennisĂ©es et s’ajoutent ainsi au parc d’hĂ©bergement d’urgence ouvert toute l’annĂ©e.
Par ailleurs, afin de privilĂ©gier le dĂ©veloppement de solutions pĂ©rennes de retour au logement et de renoncer Ă la multiplication de rĂ©ponses d’hĂ©bergement de court terme, le Gouvernement a fait de l’accès au logement une prioritĂ©, dĂ©clinĂ©e Ă travers le plan quinquennal de lutte contre le sans-abrisme et pour le logement d’abord.
Ce plan se matérialise notamment à travers le financement de 40 000 logements très sociaux (PLAI) par an, la création sur 5 ans de 40 000 places en intermédiation locative par la mobilisation du parc privé et de 10 000 places en pensions de famille pour les personnes isolées en situation de grande précarité.
Il s’agit de mettre en place une rĂ©forme structurelle de l’accès au logement des personnes sans domicile, tout en prĂ©servant un parc d’hĂ©bergement d’urgence permettant de rĂ©pondre aux situations de dĂ©tresse.
Le plan pour le logement d’abord favorise par ailleurs un effort significatif de prĂ©vention des expulsions locatives, Ă travers le maintien de locataires qui le peuvent et le relogement de ceux dont la situation locative est compromise du fait d’une disproportion manifeste entre leur loyer et leurs ressources.
Une nette diminution du nombre de procĂ©dures judiciaires pour rĂ©siliation du bail et de dĂ©cisions de justice prononçant l’expulsion a pu ĂŞtre observĂ©e durant les deux dernières annĂ©es.
Afin d’entretenir et d’amplifier cette tendance, le Gouvernement s’est donnĂ© pour objectif une diminution pĂ©renne du nombre de dĂ©cisions judiciaires d’expulsion sur le territoire national.
Ă€ ce titre, la mise en Ĺ“uvre du second plan d’actions interministĂ©riel a Ă©tĂ© lancĂ©e le 9 mars 2018 par le ministre de la cohĂ©sion des territoires. S’il ne peut s’agir d’une unique rĂ©ponse Ă l’urgence de court terme, les multiples Ă©volutions structurelles engagĂ©es par ce nouveau plan ont dĂ©jĂ produit leurs premiers effets qui se poursuivront cette annĂ©e encore.
Parmi les actions rĂ©alisĂ©es figurent en particulier les dispositions de la loi portant Ă©volution du logement de l’amĂ©nagement et du numĂ©rique (Elan), notamment la rĂ©forme des procĂ©dures d’expulsion et de surendettement, qui permet de garantir Ă la fois un meilleur maintien dans le logement des locataires ayant repris le paiement de leur loyer et un meilleur remboursement aux bailleurs de la dette locative lĂ©galement exigible.
Deux millions d’euros ont Ă©galement Ă©tĂ© investis dans le dĂ©veloppement du système d’information EXPLOC qui a pour objectif de raccourcir le dĂ©lai de prise en charge des personnes menacĂ©es d’expulsion, en amĂ©liorant l’Ă©change d’informations et la prise de dĂ©cision collective des partenaires opĂ©rationnels de la prĂ©vention au sein des commissions dĂ©partementales de coordination des actions de prĂ©vention des expulsion (CCAPEX).
Un important travail d’animation et de concertation nationales a par ailleurs Ă©tĂ© engagĂ© depuis mai 2018 avec l’ensemble des prĂ©fectures et des conseils dĂ©partementaux en charge de la prĂ©vention des expulsions afin de recentrer et optimiser le dispositif de prĂ©vention des expulsions en amont de l’audience judiciaire et faire diminuer significativement le nombre de jugements d’expulsion conformĂ©ment aux objectifs de l’instruction du 22 mars 2017.
Des groupes de travail techniques ont par ailleurs Ă©tĂ© lancĂ©s pour concrĂ©tiser les principales mesures du plan d’actions interministĂ©riel : renforcer les capacitĂ©s d’accompagnement social, juridique des mĂ©nages menacĂ©s d’expulsions, amĂ©liorer les dispositifs d’apurement des dettes locatives et de relogements prĂ©coces des personnes en particulier dans le parc privĂ©.
Enfin, sur la question du moratoire, en vertu de la sĂ©paration des pouvoirs qui fonde notre État de droits et en application des droits fondamentaux dĂ©finis par la constitution, dont fait partie le droit de propriĂ©tĂ©, il appartient aux juges et non au Gouvernement de prononcer l’expulsion d’un locataire lorsque le contrat de bail signĂ© avec le bailleur n’est pas respectĂ©.
Il a Ă©tĂ© jugĂ© par le Conseil constitutionnel dans sa dĂ©cision n° 98-403 DC du 29 juillet 1998 que « toute dĂ©cision de justice [ayant] force exĂ©cutoire […] le lĂ©gislateur ne saurait subordonner l’octroi du concours de la force publique Ă l’accomplissement d’une diligence administrative. »
Aussi, une mesure gĂ©nĂ©rale et systĂ©matique de moratoire sur les expulsions ne respecterait pas le principe constitutionnel de sĂ©paration des pouvoirs. Le Gouvernement n’a donc pas l’autoritĂ© lĂ©gale pour s’opposer Ă une dĂ©cision judiciaire d’expulsion.
Il a en revanche la possibilitĂ© et le devoir de dĂ©ployer tous les moyens nĂ©cessaires pour prĂ©venir l’expulsion en amont de la dĂ©cision de justice et dans les dĂ©lais qui sĂ©parent cette dernière de l’expulsion effective.
C’est l’objectif premier du plan d’actions interministĂ©riel de prĂ©vention des expulsions locatives lancĂ© le 9 mars 2018 par le ministre de la cohĂ©sion des territoires et rĂ©affirmĂ© par le prĂ©sident de la RĂ©publique dans le cadre de la stratĂ©gie de lutte contre la pauvretĂ©.
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