A l’issue d’un mandat, mené sous la pression des ratios comptables et des théories de la « taille critique », les maires ont de bonnes raisons de se plaindre. Leur horizon s’est pourtant quelque peu éclairci. Enterrée, la campagne lancée sur les réseaux sociaux par des apprentis sorciers de la Macronie contre les hausses de la taxe d’habitation. Comme le souligne le sénateur et politologue Eric Kerrouche (PS), on est passé, en l’espace d’un an, de « #balancetonmaire à #cajoletonelu ».
Un vaccin contre la fièvre jaune
La petite musique, dénoncée en 2017 par le patron de l’Association des maires de France, François Baroin (LR), sur les élus locaux, trop nombreux, tout juste bons à organiser des cocktails à base de petits-fours, n’a plus cours. Les premiers magistrats sont revenus en grâce. Si le nouveau monde ne jure plus que par les porteurs d’écharpe tricolore, c’est que la révolte des ronds-points est passée par là.
Les maires ont servi de vaccin contre la fièvre jaune. Au milieu du chaos qui menaçait, ils ont gardé le lien avec les oubliés de la mondialisation heureuse. Emmanuel Macron s’est appuyé sur les édiles pour éteindre l’incendie. Par-delà les chapelles, ils ont répondu présent. Le grand débat les a définitivement remis au centre du jeu.
Les sentinelles de la République
La fracture territoriale, entre le quart Nord-Est et le grand Ouest, les métropoles et la France périphérique, se retrouve propulsée au cœur de la vie publique. Les édiles, qui sonnaient le tocsin depuis des années, ont gagné leurs galons de sentinelles de la République. Au sein des cités populaires, le maire ressuscite la figure bienveillante de monsieur Madeleine, alias Jean Valjean, maire de Montreuil-sur-Mer dans « Les Misérables ».
Avec la disparition des hussards noirs des écoles communales et des médecins de campagne, il apparaît comme l’ultime recours. Dans le vent de « dégagisme » ambiant, le maire s’affirme comme la seule personnalité politique « sympathique », selon le mot de l’historien Maurice Agulhon.
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