Par Jean-Christophe Barla
Jamais les acteurs publics de Provence-Alpes-Côte d’Azur n’ont autant affirmé vouloir réindustrialiser leur territoire. La région a lancé des opérations d’intérêt local sur les industries du futur, les énergies de demain, la santé et les activités maritimes, avec des aides financières.
La métropole Aix-Marseille-Provence a lancé l’appel à manifestation d’intérêt Provence Industry’Nov pour attirer des entreprises autour de l’étang de Berre. Avec Industrie 4.06, la Chambre de commerce
et d’industrie de Nice-Côte d’Azur veut accélérer les mutations digitales et robotiques des entreprises. « Aujourd’hui, pour ne plus subir la désindustrialisation, nos actions disent notre fierté de détenir un appareil industriel. Environnement et industrie ne s’opposent pas : les contraintes écologiques nourrissent le génie industriel pour produire plus propre, moins cher et plus performant », affirme Béatrice Aliphat, la conseillère régionale et déléguée industrie et réseaux d’énergie d’Aix-Marseille-Provence.
« Aujourd’hui, pour ne plus subir la désindustrialisation, nos actions disent notre fierté de détenir un appareil industriel. Industrie et environnement ne s’opposent pas. »
L’industrie représente 8,7 % de l’emploi régional, avec plus de 148 300 salariés dans le privé à la fin 2016. Elle a généré, en 2017, 47 000 recrutements, selon Accos et Pôle emploi.
Béatrice Aliphat, conseillère régionale
Les nouvelles énergies nourrissent la dynamique
A Cadarache, le futur réacteur de fusion nucléaire Iter tire l’investissement des titulaires de marchés. «Nous avons investi 15 millions d’euros en dix ans pour répondre aux 200 millions de commandes passées pour Iter. Nos douze contrats en cours mobilisent des outils uniques pour l’usinage de grande précision et le soudage de pièces de grandes dimensions et l’industrialisation de pièces et systèmes
complexes », explique Philippe Lazare, le directeur de Cnim à La Seyne-sur-Mer. L’éolien offshore flottant pourrait susciter la même impulsion pour la filière avec Provence Grand Large d’EDF, ses trois éoliennes (8 MW) dans le golfe de Fos et ses 200 millions d’euros d’investissement d’ici à 2020. A La Ciotat, Ideol fait office de pionnier avec son flotteur pour Floatgen au large du Croisic et un autre au Japon. « La France offre un environnement exceptionnel pour les start-up, mais il manque des fonds d’investissement puissants », regrette Paul de la Guérivière, son dirigeant, qui a dû chercher des partenaires allemand et japonais. Le projet Flexgrid de réseaux électriques intelligents, avec EDF, Enedis et Schneider Electric, doit aussi structurer un nouveau secteur, porté par des expérimentations à Nice (Nice Smart Valley), sur des îles (Lerins Grid) et dans des stations de ski (Smart Mountain). à Gardanne, avec Uniper, comme à Tarascon où l’usine de pâte à papier Fibre Excellence doit acquérir une turbine à vapeur pour produire de l’électricité à partir de biomasse, la filière d’exploitation forestière reste à créer pour les approvisionner. D’autres exploitent les ressources existantes : l’eau d’ennoyage de la mine de Gardanne pour Dalkia et son réseau de géothermie ou les boues d’épuration de Marseille pour Suez-Seramm et son unité de biométhanisation. à Fos, GRTgaz explorera les potentialités de l’hydrogène avec le démonstrateur Jupiter 1 000 ; Eranova, celles des algues que son unité pilote Alguex doit transformer en composants pour emballages plastique à Port-Saint-Louis-du-Rhône.
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Impulser la transition énergétique
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