Le gouvernement est empêtré dans un bras de fer avec les organismes HLM, focalisé sur leur réticence à baisser les loyers pour compenser la réduction de l’APL. Certains bailleurs sociaux (urbains) sont riches, d’autant plus riches que leurs locataires sont pauvres : c’est l’APL qui paye alors les loyers. Toutefois, il y a mieux à faire de cette richesse que de seulement contribuer à la réduction du déficit de l’Etat : permettre d’augmenter la production, dans un but de mixité, surtout si elle s’accompagne d’une hausse modérée des ventes, en elle-même source de mixité. De plus, un logement vendu permet de construire entre trois et sept logements neufs, en raison du faible taux de fonds propres d’une opération sociale.
La botte secrète d’une cohésion sociétale en déliquescence
La mixité, souvent brandie de manière incantatoire, pourrait être la botte secrète d’une cohésion sociétale en déliquescence. A condition d’avoir enfin les idées claires sur sa définition et ses vertus. Faire cohabiter des gens qui n’auraient aucune chance de se rencontrer (chômeurs et cadres, avec des modes de vie et des cultures différentes), ce n’est pas mal, mais c’est insuffisant. Il faut créer les échangeurs communs : services de proximité (l’excellence environnementale se joue localement) ou « café du commerce » à réhabiliter.
Les vertus de la mixité sont immenses : des personnes différentes s’enrichissent des points de vue de l’autre, évitant les ghettos. Les « gilets jaunes » sont le produit d’une crise des lieux d’échange, remplacés par une dangereuse virtualisation de la manière de se forger une opinion. La mixité est l’objectif premier, « frère de » produire plus, maintenir un volume d’accueil des personnes en difficulté et loger la classe moyenne à prix modéré.
Vers la suppression des ghettos
Le pacte de mixité entre les HLM et l’Etat, pourrait s’articuler ainsi :
– augmenter la production de 50 % sur cinq ans ;
– doubler le rythme des ventes pendant cinq ans (de 10 000 à 20 000), soit en tout 2 % du parc : choix de quartiers en voie de requalification, d’acheteurs capables de rembourser (locataires ou nouveaux arrivants), de logements réhabilités (peu de charges). Surtout, l’organisme HLM doit rester syndic pour aider les accédants et assurer l’équilibre social ;
– grâce au surplus de production, maintenir un volume annuel constant d’accueil des personnes en difficulté, mais baisser leur proportion dans le parc social (de dix points), et reconquérir la classe moyenne (sept Français sur dix sont éligibles au logement social) ;
– promouvoir des résidences de la diversité dans le neuf, où le logement HLM ne se distingue plus des autres ;
– attribuer simplement les logements : l’occupation doit tendre à représenter la diversité nationale, exprimée en termes socioéconomiques ;
– moderniser : regrouper les organismes pour éviter les politiques divergentes, développer les missions de syndic et d’« ingénieur de la mixité », acquérir des compétences en matière de marketing, mieux gérer et concerter grâce aux nouvelles technologies. L’Etat pourrait accompagner ce mouvement.
L’augmentation de la production générera de l’activité. Le retour de la classe moyenne injectera du pouvoir d’achat. La pratique de la vente permettra de réduire l’aide de l’Etat. On pourra enfin aller vers la suppression des ghettos et la dilution du parc social dans le diffus.
Références
- « Instaurer la mixité dans l'habitat », éditions L'Harmattan.