Gérard Collomb qui claque la porte du ministère de l’Intérieur pour retrouver sa bonne ville de Lyon. Dans les rédactions nationales, l’événement suscite la sidération. Mais pas question d’aller chercher trop d’explications dans la capitale des Gaules. La grille de lecture, comme toujours, se trouve à l’Elysée. Dans les articles, on glose sur les relations contrariées entre Gérard Collomb et Emmanuel Macron, le rôle souterrain des épouses et les palinodies du garde du corps du Président qui ont provoqué « le divorce ». Autant d’éclairages utiles, certes, mais qui masquent aussi une autre réalité.
Provincial dans l’âme, Gérard Collomb préfère la place Bellecour à la place Beauvau. Et s’il revient dans son hôtel de ville, c’est qu’à la métropole, l’ancien patron tout-puissant se trouve en danger. Son absence, toute relative, a attisé les critiques et les ambitions. Ces éléments seront bien fournis à l’attention du public, mais ils le seront au compte-gouttes.
Cuisine lyonnaise
Les journalistes politiques, mobilisés dans le triangle d’or composé de l’Elysée, l’Assemblée nationale et Matignon, ignorent tout, et c’est tout naturel, des ressorts de la cuisine lyonnaise. Le décryptage de la stratégie brumeuse du président de la métropole David Kimelfeld et du mode de fonctionnement du grand ensemble urbain réclame une présence sur place. Or, et c’est là que le bât blesse : les grands quotidiens nationaux ne disposent plus de bureau étoffé dans les capitales régionales. Finie l’antenne lyonnaise du « Monde » « qui regroupait sept à huit journalistes permanents », rappelle le politiste David Guéranger. Le quotidien vespéral a aussi mis fin à sa page « régions ». « Les Echos » ont, dans une mesure moindre, suivi le mouvement, même si le journal économique compte toujours une séquence « PME et régions », sa page quotidienne « collectivités » a disparu.
Autant de décisions, avancent leurs promoteurs, justifiées par la faible appétence des lecteurs pour une matière locale, jugée trop technique. « Mais en pratique, le travail journalistique consiste précisément à produire de l’intérêt, s’inscrit en faux David Guéranger.Cela requiert des compétences particulières pour rentrer dans la technicité et l’arrimer à des questions qui parlent aux citoyens. Si l’on arrive à le faire pour la dette ou les gaz à effet de serre, pourquoi cela serait-il impossible sur les travaux du Comité des finances locales ? »
Cet article fait partie du Dossier
Les maires sous le feu des médias
1 / 5
article suivantSommaire du dossier